-
La voix
Une voix, une voix qui vient de si loin
Qu’elle ne fait plus tinter les oreilles,
Une voix, comme un tambour, voilée
Parvient pourtant, distinctement, jusqu’à nous.
Bien qu’elle semble sortir d’un tombeau
Elle ne parle que d’été et de printemps
Elle emplit le corps de joie,
Elle allume aux lèvres le sourire.
Je l’écoute. Ce n’est qu’une voix humaine
Qui traverse les fracas de la vie et des batailles,
L’écroulement du tonnerre et le murmure des bavardages.
Et vous? ne l’entendez-vous pas?
Elle dit « La peine sera de peu de durée »
Elle dit « La belle saison est proche »
Ne l’entendez-vous pas?
Robert Desnos, Domaine public.
Gallimard.Ce poème fait partie de la sélection Choix de poésies pour le CM2
du manuel Lecture CM2 (avec les mots de tous les jours).Source de l'illustration : http://www.photos-dauphine.com/vercors/quatre-montagnes/aurore-a-la-moliere/20091003
D'autres poèmes de Robert Desnos :
Couplets de la rue Saint-Martin
Chantefables (Recueil de poèmes amusants ayant chacun pour thème un animal)
votre commentaire -
A, B, C , D
À demain
À la claire fontaine
À la fontaine
À la salade
À la soupe
À Saint-Malo
Ah mon beau château
Ah vous dirai-je Maman
Ainsi font, font, font
Alouette, gentille alouette
Am stram gram
Arlequin dans sa boutique
Au clair de la lune
Au feu, les pompiers !
Aux marches du palais
Akatombo
Alexandre le grand
Ban moin un ti bo
Barbapou
Bateau, ciseau
Bateau sur l'eau
Bon anniversaire
Bonjour Guillaume
Bonjour, ma cousine
Bonsoir madame la lune
Bon voyage, Monsieur D.
C’est demain Dimanche
Cadet Rousselle
C'est la baleine
Chantons la vigne
Chantons Noël
Chère Elise
Coccinelle demoiselle
Compère Guilleri
C'était Anne de Bretagne
Dame Tartine
Dans la basse-cour
Dans la ferme à Mathurin
Dans la forêt lointaine
Dans ma chambre
Dansons la capucine
Derrière chez moi
Deux petits bonshommes
Dodo, l'enfant do
Dodo goutte d'eau
Do, ré, mi, fa, sol, la, si, do
Dors, ma petite fille
Dors petit enfant
Doudou an moin
Douce nuit
Doucement
Dix petits enfants
Elle descend de la montagne
En passant auprès d’un étang
Enfant de la montagne
En passant par la Lorraine
Entre les deux
Faire un petit saut
Fais dodo, Colas mon p'tit frère
Fais dodo, mon petit Pierrot
Frère Jacques
Gentil coquelicot
Gouttes, gouttelettes de pluie
Grand front
Gugusse
Guillot prends ton tambourin
Henri IV
Il court, il court, le furet
Il était un p’tit cordonnier
Il était un petit homme
Il était un petit navire
Il était une barque
Il était une bergère
Il était une fermière
Il pleut, il mouille
Il pleut, il neige
Il pleut, il pleut, bergère
Il était une fois
J’ai du bon tabac
J’ai un gros nez rouge
J’aime la galette
J'ai perdu le do de ma clarinette
J’ai mis mon manteau
J’ai ramassé des champignons
J'ai une tante
J'ai vu le loup, le renard et la belette
Jean de la Lune
Jean Petit qui danse
Je cherche fortune
Je fais le tour de ma maison
Joli tambour
L’as-tu vu ?
L’automne est arrivé
La barbichette
La bonne aventure ô gué
La boulangère a des écus
La brousse
La casquette du père Bugeaud
La Chèvre
La cloche du vieux manoir
La famille Tortue
La jardinière du Roi
La marchande de foie
La marche des rois
La mère Michel
La pêche aux moules
La percutabouca
La perdrix
La petite poule grise
La ronde des légumes
La ronde des petits lapins
La Samaritaine
La Torpedo
La volette
Là-haut sur la montagne
La toumba
Le bal des crapauds
Le bon roi Dagobert
Le cheval de Thomas
Le coquillage magique
Le facteur n'est pas passé
Le fermier dans son pré
Le goéland
Le hérisson
Le matin au réveil
Le noël des créatures
La nuit de noël
Le petit train
Le p’tit pâtissier
Le palais royal
Le petit matelot
Le pouce part en voyage
Le rat de ville
Le rock ’n roll des gallinacées
Le son des percussions
Le temps des cerises
Le trente et un du mois d'août
Le vitrier
L'empereur, sa femme et le p’tit prince
Les crocodiles
Les doigts de ma main
Les marins de Groix
Les mensonges
Les œufs
Les petits poissons
Les petons
Les poissons sont assis
L'homme de Cromagnon
Malbrough
Maman les petits bateaux
Marguerite
Marie trempe ton pain
Meunier, tu dors
Mère-grand tricote en chantant
Mon âne
Mon beau sapin
Mon front a chaud
Mon poisson rouge
Navigue en rond
Ne pleure pas Jeannette
Neige, neige blanche
Noël
Nous étions trois bergerettes
Nous n’irons plus au bois
Nous vous souhaitons un ...
Oh ! Basile !
Oh l'escargot
Papillon volé
Passe, passera
Passez pompons les carillons
Petit escargot
Petits flocons
Petit oiseau d'or et d'argent
Petit Papa
Petite abeille
Petite tortue
Pimpanicaille
Pique la baleine
Polichinelle
Pomme de reinette et pomme d’api
Pomme, pêche, poire
Pomme rouge
Promenons-nous dans les bois
Pommes d'api
Quand j’étais petit
Quand on fait des crêpes
Quelle heure est-il ?
Qui est là ?
Qui se cache ?
Rondin, picotin,
Roulez chemins de fer
Sardine à l’huile
Savez-vous planter les choux
Scions, scions, scions du bois
Sur la route de Louviers
Sur le pont d'Avignon
Sur le pont du Nord
Sur le fil
Tombe la pluie
Tourne petit moulin
Tripatouille la grenouille
Trois esquimaux
Trois jeunes tambours
Trois p’tits chats
Trois petits minous
Trotte petit cheval
Un canard disait à sa cane
Un éléphant qui se balançait
Un grand cerf
Une grosse grenouille
Un p’tit bonhomme
Un petit canard
Un petit cochon
Un petit lapin
Un petit pied qui tape
Un petit pouce qui danse
Un poisson au fond d'un étang
Un, deux, trois
Une araignée sur le plancher
Une fourmi rouge
Une poule sur un mur
Une souris verte
Un jour la classe campa
Un kilomètre à pied
Vent frais
Vive le vent
Voici le mois de Mai
Voilà du bon fromage
Y a une pie
Y avait des gros crocodiles
Youkaïdi
2 commentaires -
C'est un curieux bonhomme,
Banjo, il se nomme.
B. A. N. J. O.
B. A. N. J. O.
B. A. N. J. O.
Banjo, il se nomme.
C'est un curieux bonhomme,
Banjo, il se nomme.
B. A. N. J. --.
B. A. N. J. --.
B. A. N. J. --.
Banjo, il se nomme.
C'est un curieux bonhomme,
Banjo, il se nomme.
B. A. N. --. --.
B. A. N. --. --.
B. A. N. --. --.
Banjo, il se nomme.
C'est un curieux bonhomme,
Banjo, il se nomme.
B. A. --. --. --.
B. A. --. --. --.
B. A. --. --. --.
Banjo, il se nomme.
C'est un curieux bonhomme,
Banjo, il se nomme.
B. --. --. --. --.
B. --. --. --. --.
B. --. --. --. --.
Banjo, il se nomme.
C'est un curieux bonhomme,
Banjo, il se nomme.
--. --. --. --. --.
--. --. --. --. --.
--. --. --. --. --.
Banjo, il se nomme.Musique et chant : Julien Chauveau
www.myspace.com/julienchauveauDeux vidéos :
La première est un extrait du film Délivrance : morceau intitulé "Duelling Banjo Guitar"
La seconde est une vidéo karaoké de la chanson réalisée par le site Comptines.net.
Pour continuer sur la piste banjo, voir aussi cette chanson :
votre commentaire -
Ressuscité virtuellement sur le blog Manuels anciens :
Mareuil, Goupil, L'Invitation au voyage... (lectures pour le CM1)
Dans la même collection "Le Royaume de la Lecture" :
* Mico, mon petit ours (cours préparatoire)
* Le Livre des Bêtes (premier livre de lecture courante, CP-CE1)
votre commentaire -
Ressuscité virtuellement sur le blog Manuels anciens :
Mareuil, Goupil, Au pays des contes (lectures pour le CE2)
Dans la même collection "Le Royaume de la Lecture" :
* Mico, mon petit ours (cours préparatoire)
* Le Livre des Bêtes (premier livre de lecture courante, CP-CE1)
votre commentaire -
Cette sélection de poésies pour le CM2 se trouve dans le manuel ancien :
Gérard, Lecture CM2 (avec les mots de tous les jours).
Source de la photo : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Aube_avril.jpg
V. Hugo : Chagrins d'enfant
Rutebeuf : Complainte (extrait)
La Fontaine : Le Renard et la Cigogne
R. Dévigne : Odeur marine
A. Druelle : Là-bas, sur un coteau crayeux
P. Valéry : La fileuse
F. Jammes : La salle à manger
M. Jacob : Le départ
J. Loisy : Le dictionnaire
G. Fourest : Les sardines à l'huile
F. Jammes : Rêverie au bord de l'eau
S. Sicaud : Printemps
P. Verlaine : Marine
R. M. Rilke : Bouche de la fontaine
E. Montale : L'anguille
R. G. Cadou : J'ai toujours habité...
La voix
Une voix, une voix qui vient de si loin
Qu’elle ne fait plus tinter les oreilles,
Une voix, comme un tambour, voilée
Parvient pourtant, distinctement, jusqu’à nous.
Bien qu’elle semble sortir d’un tombeau
Elle ne parle que d’été et de printemps
Elle emplit le corps de joie,
Elle allume aux lèvres le sourire.
Je l’écoute. Ce n’est qu’une voix humaine
Qui traverse les fracas de la vie et des batailles,
L’écroulement du tonnerre et le murmure des bavardages.
Et vous? ne l’entendez-vous pas?
Elle dit « la peine sera de peu de durée »
Elle dit « La belle saison est proche »
Ne l’entendez-vous pas?
Robert Desnos, Domaine public.
Gallimard.
Le buffet
C’est un large buffet sculpté : le chêne sombre,
Très vieux, a pris cet air si bon des vieilles gens.
Ce buffet est ouvert et verse dans son ombre,
Comme un flot de vin vieux, des parfums engageants.
Tout plein : c’est un fouillis de vieilles vieilleries,
De linges odorants et jaunes, de chiffons
De femmes et d’enfants, de dentelles flétries,
De fichus de grand-mère où sont peints des griffons.
C’est là qu’on trouverait les médaillons, les mèches
De cheveux blancs ou blonds, les portraits, les fleurs sèches
Dont le parfum se mêle à des parfums de fruits.
Ô buffet du vieux temps, tu sais bien des histoires!
Et tu voudrais conter tes contes, et tu bruis
Quand s’ouvrent lentement tes grandes portes noires.
Arthur Rimbaud, Poésies.
Chagrins d’enfant
Le devoir fait, légers comme de jeunes daims,
Nous fuyions à travers les immenses jardins,
Éclatant à la fois en cent propos contraires.
Moi, d’un pas inégal, je suivais mes grands frères.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Mais, lorsque j’arrivais chez ma mère, souvent,
Grâce au hasard taquin qui joue avec l’enfant;
J’avais de grands chagrins et de grandes colères.
Je ne retrouvais plus, près des ifs séculaires,
Le beau petit jardin par moi-même arrangé.
Un gros chien, en passant, avait tout ravagé.
Ou quelqu’un dans ma chambre avait ouvert mes cages;
Et mes oiseaux étaient partis pour les bocages,
Et, joyeux, s’en étaient allés de fleur en fleur
Chercher la liberté bien loin — ou l’oiseleur.
Ciel! Alors j’accourais, rouge, éperdu, rapide,
Maudissant le grand chien, le jardinier stupide,
Et l’infâme oiseleur et son hideux lacet,
Furieux! D’un regard, ma mère m’apaisait.
Victor Hugo, Les rayons et les ombres.
Complainte (extrait)
Que sont mes amis devenus
Que j’avais de si près tenus
Et tant aimés?
Je crois qu’ils sont trop clairsemés;
Ils ne furent pas bien semés :
Et ont failli.
De tels amis m’ont mal servi;
Tandis que Dieu m’a assailli
De tous côtés,
N’en vis un seul en mon hosté
Je crois le vent les m’a ôtés.
L’amour est morte :
Ce sont amis que vent emporte,
Et il ventait devant ma porte,
Les emporta.
Rutebeuf, Adaptation P. Seghers.
Livre d’or de la poésie française. Marabout.
Le Renard et la Cigogne
Compère le Renard se mit un jour en frais,
Et retint à dîner commère la Cigogne.
Le régal fut petit et sans beaucoup d’apprêts :
Le galand, pour toute besogne,
Avait un brouet clair; il vivait chichement.
Ce brouet fut par lui servi sur une assiette :
La Cigogne au long bec n’en put attraper miette,
Et le drôle eut lapé le tout en un moment.
Pour se venger de cette tromperie,
À quelque temps de là, la cigogne le prie.
« Volontiers, lui dit-il; car avec mes amis
Je ne fais point cérémonie. »
À l’heure dite, il courut au logis
De la Cigogne son hôtesse;
Loua très fort sa politesse;
Trouva le dîner cuit à point :
Bon appétit surtout; renards n’en manquent point.
Il se réjouissait à l’odeur de la viande
Mise en menus morceaux, et qu’il croyait friande.
On servit, pour l’embarrasser,
En un vase à long col et d’étroite embouchure.
Le bec de la cigogne y pouvait bien passer;
Mais le museau du sire était d’autre mesure.
Il lui fallut à jeun retourner au logis,
Honteux comme un renard qu’une poule aurait pris,
Serrant la queue, et portant bas l’oreille.
Trompeurs, c’est pour vous que j’écris :
Attendez-vous à la pareille.
La Fontaine, Fables (I, 18).
Odeur marine
J’ai dans l’âme une odeur marine.
Odeur de large, odeur de plage, odeur de ports,
De vieux ports goudronneux et saurs où la marée
Délaye lentement l’ombre des grands navires...
Odeur des goémons aux capsules dorées,
Chevelures d’ambre, algues que je sens encor
Glisser, vivantes, sur ma bouche et ma mémoire;
Coquillages gravés au long des promontoires,
Beau souvenir qui sent la mer et le soleil,
Les grands chemins marins et les syrtes profondes;
Ô les chemins qui ne sont pas toujours pareils
Et qui s’en vont vers l’autre bout du monde! —
J’ai, dans l’âme, une odeur marine.
Je porte au fond de moi cette odeur de la mer
Comme le souvenir des pays et des rêves
Pour lesquels mon destin n’appareillera plus.
Mon destin, à jamais banal et révolu,
— Ah! l’amarre d’un seul bateau qui tire et vire
Au long du quai désert, sur son anneau de fer! —
Roger Dévigne, Poèmes
Là-bas, sur un coteau crayeux
Là-bas, sur un coteau crayeux, une charrue
Gravite, en grimaçant de l’âge et de l’essieu.
Les avoines d’hiver commencent à pointer;
Les canards migrateurs traversent la vallée;
Ils nicheront, ce soir, aux méandres du fleuve;
La marée affluera dans les roseaux des berges;
Honfleur, brulôt éteint, luira, crépusculaire;
Puis jaillira l’aurore...; âpre, la haute mer
Fera chanter le jour dans les agrès du bac;
Alors les ramasseurs de pommes par les cours
Élèveront des feux lents sur les côtes bleues;
Ils rosiront leurs doigts à la flamme; l’espace
Dilatera le ciel dont strient l’azur les boats.
Ah! mon cœur tout changeant, tout retrait, pose-toi
Sur mes jours, comme ces mouettes sur le fleuve...
Je ne crains ni le soir, ni sa brume océane;
Je voudrais, au contraire, en la nuit me répandre,
Devenir cette baie où la Seine s’achève,
Couler, mon cœur, dormir sur le flux de mes rêves,
Comme vont ces oiseaux, en l’étendue amère,
Se laisser, jusqu’à l’aube glacée, bercer par
La palpitation profuse de la mer.
André Druelle, Florilège poétique.
L’Amitié par le Livre.
La fileuse
Assise, la fileuse au bleu de la croisée
Où le jardin mélodieux se dodeline;
Le rouet ancien qui ronfle l’a grisée.
Lasse, ayant bu l’azur, de filer la câline
Chevelure, à ses doigts si faibles évasive,
Elle songe, et sa tête petite s’incline.
Un arbuste et l’air pur font une source vive
Qui, suspendue au jour, délicieuse arrose
De ses perles de fleurs le jardin de l’oisive.
Une tige, où le vent vagabond se repose,
Courbe le salut vain de sa grâce étoilée,
Dédiant, magnifique, au vieux rouet, sa rose.
Mais la dormeuse file une laine isolée;
Mystérieusement l’ombre frêle se tresse
Au fil de ses doigts longs et qui dorment, filée.
Le songe se dévide avec une paresse
Angélique, sans cesse, au doux fuseau crédule,
La chevelure ondule au gré de la caresse...
Derrière tant de fleurs, l’azur se dissimule,
Fileuse de feuillage et de lumière cenite;
Tout le ciel vert se meurt. Le dernier arbre brûle.
Ta soeur, la grande rose où sourit une saline,
Parfume ton front vague au vent de son haleine
Innocente, et tu crois languir... Tu es éteinte
Au bleu de la croisée où tu filais la laine.
Paul Valéry, Album de vers anciens.
Gallimard.
La salle à manger
Il y a une armoire à peine luisante
qui a entendu les voix de mes grand’tantes,
qui a entendu la voix de mon grand-père,
qui a entendu la voix de mon père.
À ces souvenirs l’armoire est fidèle.
On a tort de croire qu’elle ne sait que se taire,
Car je cause avec elle.
Il y a aussi un coucou en bois.
Je ne sais pourquoi il n’a plus de voix.
Je ne veux pas le lui demander.
Peut-être bien qu’elle est cassée,
la voix qui était dans son ressort,
tout bonnement comme celle des morts.
Il y a aussi un vieux buffet
qui sent la cire, la confiture,
la viande, le pain et les poires mûres.
C’est un serviteur fidèle, qui sait
qu’il ne doit rien nous voler.
Il est venu chez moi bien des hommes et des femmes
qui n’ont pas cru à ces petites âmes.
Et je souris que l’on me- pense seul vivant
quand un visiteur me dit en entrant :
— Comment allez-vous, monsieur Jammes?
Francis Jammes, De l’Angélus de l’aube à l’Angélus du soir.
Mercure de France.
Le départ
Adieu l’étang et toutes mes colombes
Dans leur tour et qui mirent gentiment
Leur soyeux plumage au col blanc qui bombe,
Adieu l’étang.
Adieu maison et ses toitures bleues
Où tant d’amis, dans toutes les saisons,
Pour nous revoir avaient fait quelques lieues,
Adieu maison.
Adieu vergers, les caveaux et les planches
Et sur l’étang notre bateau voilier,
Notre servante avec sa coiffe blanche,
Adieu vergers.
Adieu aussi mon fleuve clair ovale,
Adieu montagne! Adieu arbres chéris!
C’est vous qui tous êtes ma capitale
Et non Paris.
Max Jacob, Le laboratoire central. Gallimard.
Le dictionnaire
C’est ainsi que j’ai commencé :
Charme des mots du dictionnaire
— Agave, alpage, antiphonaire
— Commencé de voir et d’aimer
— Licorne, louve, luminaire —
C’est ainsi que je vais vieillir :
Mélangeant mémoire et prière
— Mortefontaine... Apollinaire —
Ô les visages à venir,
Ceux du passé dans l’ombre claire
Quand ma voix ne s’entendra plus,
Je chanterai mon dictionnaire
— Licorne, louve, Apollinaire —
L’enfant, le vieillard confondus
— Mortefontaine... antiphonaire...
Jean Loisy, Poésies.
Éd. Points et Contrepoints.
Les sardines à l’huile
Dans leur cercueil de fer-blanc
Plein d’huile au puant relent
Marinent décapités
Ces petits corps argentés
pareils aux guillotinés
là-bas au champ des navets !
Elles ont vu les mers, les
côtes grises de Thulé,
sous les brumes argentées
la Mer du Nord enchantée...
Maintenant dans le fer-blanc
et l’huile au puant relent
de toxiques restaurants
les servent à leurs clients!
Mais loin derrière la nue
leur pauvre âmette ingénue
dit sa muette chanson
au Paradis-des-poissons,
une mer fraîche et lunaire
pâle comme un poitrinaire,
la Mer de Sérénité
aux longs reflets argentés
où durant l’éternité,
sans plus craindre jamais les
cormorans et les filets,
après leur mort nageront
tous les bons petits poissons!
Sans voix, sans mains, sans genoux,
sardines, priez pour nous!
Georges Fourest, La négresse blonde.
Éd. José Corti.
Rêverie au bord de l’eau.
Au bord de l’eau verte, les sauterelles
Sautent et se traînent,
Ou bien sur les fleurs de carotte frêles
Grimpent avec peine.
Dans l’eau tiède filent les poissons blancs,
Auprès des arbres noirs
Dont l’ombre sur l’eau tremble doucement
Au soleil du soir.
Les moucherons minces volent sur l’eau
Sans changer de place.
En se croisant ils passent, puis repassent,
Vont de bas en haut.
Je tape les herbes avec une gaule
En réfléchissant.
Et le duvet des pissenlits s’envole
En suivant le vent.
Francis Jammes, De l’Angélus de l’aube à l’Angélus du soir.
Mercure de France.
Printemps
Il fait clair, il fait gai sur les bourgeons velus,
Il fait beau — voilà tout.
Je m’étire, j’étends mes bras au bon soleil
Pour qu’il les dore comme avant, qu’ils soient pareils
Aux premiers abricots dans les feuilles de juin.
L’herbe ondule au fil du chemin
Sous le galop du vent qui rit
Les pâquerettes ont fleuri.
Je viens! je viens! Mes pieds dansent tout seuls
Comme les pieds du vent rieur.
Comme ceux des moineaux sur les doigts du tilleul.
Sabine Sicaud, Poèmes.
Stock.
Marine
L’Océan sonore
Palpite sous l’œil
De la lune en deuil
Et palpite encore,
Tandis qu’un éclair
Brutal et sinistre
Fend le ciel de bistre
D’un long zig-zag clair,
Et que chaque lame,
En bonds convulsifs,
Le long des récifs
Va, vient, luit et clame,
Et qu’au firmament,
Où l’ouragan erre
Rugit le tonnerre
Formidablement.
Paul Verlaine, Poèmes saturniens.
Bouche de la fontaine
Bouche de la fontaine, ô bouche généreuse, disant inépuisablement la même eau pure.
Masque de marbre devant la figure
de l’eau ruisselante. Et d’en arrière
les aqueducs s’en viennent. De loin.
Longeant les tombes, des pentes de l’Apennin
ils t’apportent ce chant qu’ensuite
laisse couler ton vieux menton noirci
dans l’auge ouverte. Oreille endormie,
oreille en marbre dans laquelle
tu murmures toujours...
Oreille de la terre. Elle ne parle donc
jamais qu’à elle-même? Et quand s’interpose la cruche,
il lui semble que tu l’interromps.
Rainer Maria Rilke, Les sonnets à Orphée.
L’anguille
L’anguille, cette sirène
des océans glacés, délaissant la Baltique
pour rejoindre nos mers,
et puis nos estuaires, et puis nos fleuves,
qu’elle remonte par les fonds, contre la crue adverse,
de branche en branche et puis,
plus minces encor, de ru en ru,
toujours plus loin, toujours plus près du cœur
du rocher, s’insinuant
dans la boue des noulets, jusqu’au jour où
la lumière décochée par les châtaigniers
allume leur éclair dans l’eau morte des mares,
dans les dalots qui dévalent
des hauteurs des Apennins à la Romagne;
l’anguille, torche, fouet,
flèche d’amour sur terre,
que seules nos ravines ou les gaves
asséchés des Pyrénées ramènent
à des paradis de fécondation;
l’âme verte qui cherche
la vie où mord
seule l’aridité désolée,
l’étincelle qui révèle
que tout commence quand tout paraît
se consumer, brindille ensevelie;
iris fugitif, identique
à celui que sertissent tes cils
qu’intacte tu fais briller parmi les fils
de l’homme plongés dans la boue,
peux-tu ne pas voir en elle une sœur?
Eugenio Montale, La Tourmente.
Gallimard.
Pêcheur en mer
L’homme est en mer. Depuis l’enfance matelot,
Il livre au hasard sombre une rude bataille.
Pluie ou bourrasque, il faut qu’il sorte, il faut qu’il aille,
Car les petits enfants ont faim. Il part le soir,
Quand l’eau profonde monte aux marches du musoir.
Il gouverne à lui seul sa barque à quatre voiles.
La femme est au logis, cousant les vieilles toiles,
Remmaillant les filets, préparant l’hameçon,
Surveillant l’âtre où bout la soupe de poisson,
Puis priant Dieu sitôt que les cinq enfants dorment.
Lui, seul, battu des flots qui toujours se reforment,
Il s’en va dans l’abîme et s’en va dans la nuit.
Dur labeur! tout est noir, tout est froid; rien ne luit.
Dans les brisants, parmi les lames en démence,
L’endroit bon à la pêche, et, sur la mer immense,
Le lieu mobile, obscur, capricieux, changeant,
Où se plaît le poisson aux nageoires d’argent,
Ce n’est qu’un point; c’est grand deux fois comme la chambre.
Or, la nuit, dans l’ondée et la brume, en décembre,
Pour rencontrer ce point sur le désert mouvant,
Comme il faut calculer la marée et le vent!
Comme il faut combiner sûrement les manœuvres!
Les flots le long du bord glissent, vertes couleuvres;
Le gouffre roule et tord ses plis démesurés
Et fait râler d’horreur les agrès effarés.
Lui songe à sa Jeannie, au sein des mers glacées,
Et Jeannie en pleurant l’appelle; et leurs pensées
Se croisent dans la nuit, divins oiseaux du cœur.
Victor Hugo, Les Pauvres Gens. La Légende des Siècles.
J’ai toujours habité
J’ai toujours habité de grandes maisons tristes
Appuyées à la nuit comme un haut vaisselier
Des gens s’y reposaient au hasard des voyages
Et moi je m’arrêtais tremblant dans l’escalier
Hésitant à chercher dans leurs maigres bagages
Peut-être le secret de mon identité
Je préférais laisser planer sur moi comme une eau froide
Le doute d’être un homme. Je m’aimais
Dans la splendeur imaginée d’un végétal
D’essence blonde avec des boucles de soleil
Ma vie ne commençait qu’au delà de moi-même
Ébruitée doucement par un vol de vanneaux
Je m’entendais dans les grelots d’un matin blême
Et c’était toujours les mêmes murs à la chaux
La chambre désolée dans sa coquille vide
Le lit-cage toujours privé de chants d’oiseaux
Mais je m’aimais ah! je m’aimais comme on élève
Au-dessus de ses yeux un enfant de clarté
Et loin de moi je savais bien me retrouver
Ensoleillé dans les cordages d’un poème.
René-Guy Cadou, Hélène ou le règne végétal.
Seghers.
votre commentaire -
Si l'on gardait...
Si l'on gardait, depuis des temps, des temps,
Si l'on gardait, souples et odorants,
Tous les cheveux des femmes qui sont mortes,
Tous les cheveux blonds, tous les cheveux blancs,
Crinières de nuit, toisons de safran,
Et les cheveux couleur de feuilles mortes,
Si l'on gardait depuis bien longtemps,
Noués bout à bout pour tordre des cordes,
Afin d'attacher
A de gros anneaux tous les prisonniers
Et qu'on leur permît de se promener
Au bout de leur corde,
Les liens des cheveux seraient longs, si longs,
Qu'en les déroulant du seuil des prisons,
Tous les prisonniers, tous les prisonniers
Pourraient s'en aller
Jusqu'à leur maison...
Charles Vildrac, Livre d'Amour, Seghers.Ce poème fait partie de la sélection Choix de poésies pour le CM1 du manuel de lecture Lecture CM1 (avec les mots de tous les jours).
Source de l'illustration : Dubost, Lecture CM1 (avec les mots de tous les jours).
votre commentaire -
Une grenouille, nouille, nouille
Qui se croyait belle, belle, belle
Montait à l'échelle, chelle, chelle
Et redescendait, dait, dait
Se cassait le nez, nez, nez !source de la photo : http://www.grenouille.info/alimentation-des-grenouilles.php
votre commentaire -
Prière d'un petit enfant nègre
Seigneur je ne veux plus aller à leur école
Faites je vous en prie que je n'y aille plus
Ils racontent qu'il faut qu'un petit nègre y aille
Pour qu'il devienne pareil
Aux messieurs de la ville
Aux messieurs comme il faut
Mais moi je ne veux pas
Devenir comme ils disent
Un monsieur de la ville
Un monsieur comme il faut
Et puis elle est vraiment trop triste leur école
Triste comme
Ces messieurs de la ville
Ces messieurs comme il faut
Qui ne savent plus danser le soir au clair de lune
Qui ne savent plus marcher sur la chair de leurs pieds
Qui ne savent plus conter les contes aux veillées
Seigneur je ne veux plus aller à leur école.
Guy Tirolien : Balles d'or.
Présence africaine.Ce poème fait partie de la sélection Choix de poésies pour le CM1 du manuel de lecture Lecture CM1 (avec les mots de tous les jours).
Source de l'illustration : Dubost, Lecture CM1 (avec les mots de tous les jours).
votre commentaire -
Trois souris, museaux gris
Dans le grenier montrent le nez
Oh ! Le Mistigri,
Devant toi ont fui
Trois souris au poil grissource de l'image : http://www.1001coloriages.fr/voir/1307-trois-petites-souris.html
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles
Suivre le flux RSS des commentaires