-
XXVIII
LES DJINNS.E corne i gru van cantando lor lai
Facendo in aer di se lunga riga,
Cosi vid’ io venir traendo guai
Ombre portate dalla detta briga.
Dante.Et comme les grues qui font dans l’air de longues files vont chantant leur plainte, ainsi je vis venir traînant des gémissements les ombres emportées par cette tempête.
Murs, ville,
Et port.
Asile
De mort,
Mer grise
Où brise
La brise,
Tout dort.Dans la plaine
Naît un bruit.
C’est l’haleine
De la nuit.
Elle brame
Comme une âme
Qu’une flamme
Toujours suit !La voix plus haute
Semble un grelot.
D’un nain qui saute
C’est le galop.
Il fuit, s’élance,
Puis en cadence
Sur un pied danse
Au bout d’un flot.La rumeur approche.
L’écho la redit.
C’est comme la cloche
D’un couvent maudit ;
Comme un bruit de foule,
Qui tonne et qui roule,
Et tantôt s’écroule,
Et tantôt grandit.Dieu ! la voix sépulcrale
Des Djinns !... Quel bruit ils font !
Fuyons sous la spirale
De l’escalier profond.
Déjà s’éteint ma lampe,
Et l’ombre de la rampe,
Qui le long du mur rampe,
Monte jusqu’au plafond.C’est l’essaim des Djinns qui passe.
Et tourbillonne en sifflant !
Les ifs, que leur vol fracasse,
Craquent comme un pin brûlant.
Leur troupeau, lourd et rapide,
Volant dans l’espace vide,
Semble un nuage livide
Qui porte un éclair au flanc.Ils sont tout près ! — Tenons fermée
Cette salle, où nous les narguons.
Quel bruit dehors ! Hideuse armée
De vampires et de dragons !
La poutre du toit descellée
Ploie ainsi qu’une herbe mouillée,
Et la vieille porte rouillée
Tremble, à déraciner ses gonds !Cris de l’enfer ! voix qui hurle et qui pleure !
L’horrible essaim, poussé par l’aquilon,
Sans doute, ô ciel ! s’abat sur ma demeure.
Le mur fléchit sous le noir bataillon.
La maison crie et chancelle penchée,
Et l’on dirait que, du sol arrachée,
Ainsi qu’il chasse une feuille séchée,
Le vent la roule avec leur tourbillon !Prophète ! si ta main me sauve
De ces impurs démons des soirs,
J’irai prosterner mon front chauve
Devant tes sacrés encensoirs !
Fais que sur ces portes fidèles
Meure leur souffle d’étincelles,
Et qu’en vain l’ongle de leurs ailes
Grince et crie à ces vitraux noirs !Ils sont passés ! — Leur cohorte
S’envole, et fuit, et leurs pieds
Cessent de battre ma porte
De leurs coups multipliés.
L’air est plein d’un bruit de chaînes,
Et dans les forêts prochaines
Frissonnent tous les grands chênes,
Sous leur vol de feu pliés !De leurs ailes lointaines
Le battement décroît,
Si confus dans les plaines,
Si faible, que l’on croit
Ouïr la sauterelle
Crier d’une voix grêle,
Ou pétiller la grêle
Sur le plomb d’un vieux toit.D’étranges syllabes
Nous viennent encor ;
Ainsi, des arabes
Quand sonne le cor,
Un chant sur la grève
Par instants s’élève,
Et l’enfant qui rêve
Fait des rêves d’or.Les Djinns funèbres,
Fils du trépas,
Dans les ténèbres
Pressent leurs pas ;
Leur essaim gronde :
Ainsi, profonde,
Murmure une onde
Qu’on ne voit pas.Ce bruit vague
Qui s’endort,
C’est la vague
Sur le bord ;
C’est la plainte,
Presque éteinte,
D’une sainte
Pour un mort.On doute
La nuit . . .
J’écoute : —
Tout fuit,
Tout passe ;
L’espace
Efface
Le bruit.Orientales, 1829.
D'autres poèmes de Victor Hugo sur le blog, voir ici.
Niveau du texte : à partir du niveau 6 (6ème).
Contributeur : Doctor Who sur Neoprofs : ici.
Source du texte : Wikisource.
Source de l'image et audiolivre : http://audiolivres.canalblog.com/archives/2011/07/05/21549843.html
votre commentaire -
LA MÉRIDIENNE DU LION.
Le lion dort, seul sous sa voûte.
Il dort de ce puissant sommeil
De la sieste, auquel s’ajoute,
Comme un poids sombre, le soleil.
Les déserts, qui de loin écoutent,
Respirent ; le maître est rentré.
Car les solitudes redoutent
Ce promeneur démesuré.
Son souffle soulève son ventre ;
Son œil de brume est submergé,
Il dort sur le pavé de l’antre,
Formidablement allongé.
La paix est sur son grand visage,
Et l’oubli même, car il dort.
Il a l’altier sourcil du sage
Et l’ongle tranquille du fort.
Midi sèche l’eau des citernes ;
Rien du sommeil ne le distrait ;
Sa gueule ressemble aux cavernes,
Et sa crinière à la forêt.
Il entrevoit des monts difformes,
Des Ossas et des Pelions,
À travers les songes énormes
Que peuvent faire les lions.
Tout se tait sur la roche plate
Où ses pas tout à l’heure erraient.
S’il remuait sa grosse patte,
Que de mouches s’envoleraient !
20 septembre 1865, route de Vianden à Clervaux.
Chansons des rues et des bois, 1865.D'autres poèmes de Victor Hugo sur le blog, voir ici.
Niveau du texte : à partir du niveau 6 (6ème).
Contributeur : Doctor Who sur Neoprofs : ici.
Source de l'image : https://soundcloud.com/kidclark-1/the-lion-cant-sleep
votre commentaire -
Le ministre a décidé d'organiser une consultation nationale sur les programmes actuellement en vigueur.
Elle se déroulera en deux temps :
- une concertation au sein des écoles de trois heures (sept-oct 2013) : 4 questions.
- une concertation en fin d'année scolaire de 3 heures au sein des écoles (mai-juin 2014).Cette consultation nationale sous forme d'états généraux a toutes les allures de la discussion publique. Voyez plutôt le calendrier prévisionnel dupremier temps de la concertation :
CALENDRIER PREVISIONNEL
OBJET
DATES
PERSONNES / LIEUX
Consultations programmes par les enseignants (concertations de 3H à prendre sur les 24H de concertation prévue par la circulaire du 4 février
Du 23/09/2013 au 9/10/2013 sur la base d'un questionnaire académique
Equipes d'enseignants
Equipes de circonscription
Retour aux IEN des synthèses écoles
24/10/13
IEN
Rédaction par IEN d'une synthèse circonscription
Du 25/10/2013 au 28/10/2013
Equipes de circonscription IEN
Retour au DASEN des synthèses de circonscription
30/10/13
DASEN
Rédaction synthèse académique
Du 31/10/2013 au 4/11/2013
IENA – DAASEN
Rectorat
Retour au MEN de la synthèse académique
04/11/13
MEN
La consultation sera donc entièrement publique au sein de chaque école de la circonscription (la synthèse de la discussion sera envoyée à l'IEN), puis continuera à être publique dans les locaux de l'inspection de circonscription (synthèse par l'IEN et conseillers pédagogiques des synthèses des écoles), puis elle sera encore publique au sein du rectorat (synthèse des synthèses des synthèses), et, last but not least, tout à fait publique dans les bureaux du MEN (synthèse puissance 4). Ainsi, dans un grand mouvement ascendant, on s'élévera graduellement et véritablement à la quintessence de ce qui a été exprimé nationalement par l'ensemble des PE de toutes les écoles de France.
Pour le deuxième temps, on peut penser que le caractère public de la discussion sera aussi bien respecté.
Questionnaire à destination des équipes d'enseignants et des IEN :
1. Les programmes de l'école sont en application depuis la rentrée de l'année scolaire 2008/2009. Après cinq ans de mise en oeuvre, quels sont selon vous les principales qualités et les principaux défauts de ces programmes ?
(vous pouvez évoquer leurs finalités, leur faisabilité, les conceptions didactiques et pédagogiques qui les sous-tendent, l'articulation avec les compétences du socle commun, la continuité école-collège, les découpages par domaine d'enseignement, par cycle et les repères annuels)
2. Quelles sont les parties des programmes dont l'application vous a semblé difficile, pourquoi ? (précisez le cycle et le domaine d'enseignement considéré)
3. Quels sont les éléments que vous souhaiteriez voir conservés ? (précisez le cycle et le domaine d'enseignement considéré)
4. Quelles sont vos suggestions pour les prochains programmes ?
Les équipes de circonscription, réunies autour de l'inspecteur de l'éducation nationale, répondront aux mêmes questions.
Télécharger « calendrier et questions.pdf »
votre commentaire -
Pour rechercher des extraits d'oeuvres classiques exploitables en classe, on peut utiliser ces manuels auxquels nous faisons souvent référence :
Certains recueils d'extraits ont été réalisés récemment par Sowandi ou DoubleCasquette :
votre commentaire -
Auteur : Bernard Werber.
Roman : La Révolution des Fourmis, Albin Michel, 1996.
Niveau : 4 (CM1)
Télécharger « Bernard Werber, enchainement.odt »
Télécharger « Bernard Werber, enchainement.pdf »
ENCHAÎNEMENT
Elle court droit devant elle. Elle dévale la pente. Elle slalome pour éviter les bourgeons du peuplier qui s'érigent en fuseaux pourpres autour d'elle.
Applaudissements d'ailes. Des papillons déploient leurs voilures chamarrées et brassent l'air en se poursuivant.
Soudain, une jolie feuille surprend son regard. C'est le genre de feuille délicieuse, apte à vous faire oublier tout ce que vous décidez d'entreprendre. Elle suspend sa course, s'approche.
Admirable feuille. Il suffira de la découper en carré, de la triturer un peu, puis de la recouvrir de salive pour qu'elle fermente jusqu'à former une petite boule blanche pleine de mycéliums suavement aromatiques. Du tranchant de la mandibule, la vieille fourmi rousse sectionne la base de la tige et hisse la feuille au-dessus de sa tête, telle une vaste voile.
Seulement, l'insecte ignore tout des lois de la navigation à voile. À peine la feuille dressée, elle donne prise au vent. En dépit de tous ses petits muscles secs, la vieille fourmi rousse est trop légère pour lui faire contrepoids. Déséquilibrée, elle chavire. De toutes ses griffes, elle s'accroche à la branche mais la brise est trop forte. Emportée, la fourmi décolle.
Elle n'a que le temps de lâcher prise avant de s'envoler trop haut.
La feuille, elle, descend mollement en zigzaguant dans les airs.
La vieille fourmi l'observe choir et se dit que ce n'est pas grave. Il y en a d'autres, plus petites.
La feuille n'en finit pas de tomber en ondulant. Elle met du temps à atterrir benoîtement sur le sol.
Une limace remarque cette si jolie feuille de peuplier. Un bon goûter en perspective !
Un lézard aperçoit la limace, s'apprête à l'avaler puis remarque lui aussi la feuille. Autant attendre que l'autre l'ingurgite, elle sera alors plus dodue. Il épie de loin le repas de la limace.
Une belette repère le lézard et s'apprête à le dévorer quand elle s'aperçoit qu'il paraît attendre que la limace mange la feuille, elle décide de patienter à son tour. Sous les ramures, trois êtres écologiquement complémentaires s'épient.
Soudain, la limace voit une autre limace approcher. Et si celle-ci voulait lui voler son trésor ? Sans perdre plus de temps, elle fonce sur l'appétissante feuille et la dévore jusqu'à la dernière nervure.
Son repas à peine terminé, le lézard lui fond dessus et la gobe à la manière d'un spaghetti. Le moment est venu pour la belette de s'élancer à son tour pour attraper le lézard. Elle galope, bondit au-dessus des racines mais, soudain, elle percute quelque chose de mou...1
Bernard Werber, La Révolution des Fourmis, 1996.
1 Suite : « La jeune fille aux yeux gris clair n'avait pas vu venir la belette. Surgissant d'un fourré, l'animal s'était cogné dans ses jambes. »
source de l'image : http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/cha%C3%AEne_alimentaire/187208
votre commentaire -
Enchaînement (Niveau 4) : la belette qui voulait manger un lézard qui voulait manger une limace qui voulait ...
Le conte du petit tailleur de pierre (Niveau 2) : Il était une fois un tailleur de pierre qui en avait assez de s'épuiser à creuser la montagne sous les rayons du soleil brûlant. "J'en ai marre de cette vie. Tailler, tailler la pierre, c'est éreintant... et ce soleil, toujours ce soleil ! Ah! comme j'aimerais être à sa place, je serais là-haut tout puissant, tout chaud en train d'inonder le monde de mes rayons", se dit le tailleur de pierre.
Notice Wikipedia sur Bernard Werber : ici.
votre commentaire