• Ballets, opéras, symphonies, etc.

    Bela Bartok, Le Prince de Bois

    Bela Bartok, Le Château de Barbe-Bleue

    Claude Debussy, Pelléas et Mélissande

    Paul Dukas, L'Apprenti sorcier

    Edvard Grieg, Peer Gynt

    Maurice Ravel, L'Enfant et les Sortilèges

    Maurice Ravel, L'Enfant et les sortilèges (livret de Colette)

    Igor Stravinsky, L'Oiseau de feu

     

    à venir :

    Tibor Arsani, Le Petit Tailleur

    Giam Carlo Menotti, Amahl et les visiteurs du soir

    Francis Poulenc, Histoire de Babar

    Serge Prokofiev, L'Amour des trois oranges

    Serge Prokofiev, Pierre et le Loup

    Serge Prokofiev, Cendrillon

    Maurice Ravel, Les Contes de ma mère l'Oye

    Nikolaï Rimsky-Korsakov, Sheherazade

    Richard Strauss, Les Equipées de Till l'espiègle

    Igor Stravinsky, Renard

    Igor Stravinsky, L'Histoire du Soldat

    Igor Stravinsky, Petrouchka

    Igor Stravinsky, Pulcinella

    Igor Stravinsky, Le Baiser de la fée

    Piotr Tchaïkovski, La Belle au bois dormant

    Piotr Tchaïkovski, Casse-noisette

     

  • Grimm, Hansel et Gretel (par Collectif Ubique)

    Un conte, trois chaises, huit instruments

    Un garçon, sa petite sœur, une forêt, une sorcière… et une maison en pain d’épices. Les ingrédients du célèbre conte donnent déjà l’eau à la bouche. Mais il faut voir ce qu’en font les artistes déjantés du collectif Ubique pour fondre définitivement de plaisir devant ce périple théâtral et musical, qui utilise les charmes les plus singuliers pour remettre au goût du jour la vieille recette des frères Grimm : théorbe, luth, violon, scie musicale, tambour et flûte chinoise, textes chantés et scandés…

    Ainsi va ce jeune trio étonnant, qui croise les talents comme on croise le fer ; aux côtés d’Audrey Daoudal, comédienne et violoniste, on trouve Vivien Simon, ténor échappé du jeune Chœur de Paris, également comédien, et Simon Waddell, le magicien des cordes anciennes.

    Alignés sur trois chaises, tel un trio de musique de chambre, ils font surgir tout un monde, décalé et un peu fêlé, pour un spectacle « comme au coin du feu »… Vous en reprendrez !

    Année de création : 2012

    Public | À partir de 6 ans / Séances scolaires : du CP au CM2

    Durée | 50 min

    Télécharger le livret pédagogique.

    Site : Jeunesses Musicales de France.

     

     

     

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  • L’Oiseau de feu (en russe : Жар-птица, Jar-ptitsa) est un conte dansé en deux tableaux d’après un conte national russe dont la musique a été composée par Igor Stravinsky en 1909-1910 sur la commande de Serge de Diaghilev. Il a été créé à l’Opéra de Paris le 25 juin 1910 par les Ballets russes sur une chorégraphie de Michel Fokine et sous la direction de Gabriel Pierné. Il s’agit du premier grand ballet du musicien, qui le rendit aussitôt célèbre. Diaghilev renouvela par la suite régulièrement ses commandes pour Stravinsky jusqu’en 1928. Les premiers ballets à suivre L’Oiseau de feu ont été Petrouchka en 1911 et Le Sacre du printemps en 1913. Destiné au ballet, L’Oiseau de feu est aussi une grande œuvre de concert.

    Argument

    Le ballet est divisé en dix-neuf « numéros », qui, par leurs titres, rendent assez bien compte de l’argument. Toutefois, il y a plusieurs manières d’interpréter le tout et de créer des histoires différentes à partir de ces numéros. La première source d’information pour cette histoire est le programme rédigé par les Ballets russes lors de la création du ballet le 25 juin 1910 : « Ivan Tsarevitch voit un jour un oiseau merveilleux, tout d’or et de flammes ; il le poursuit sans pouvoir s’en emparer, et ne réussit qu’à lui arracher une de ses plumes scintillantes. Sa poursuite l’a mené jusque dans les domaines de Kachtcheï l’Immortel, le redoutable demi-dieu qui veut s’emparer de lui et le changer en pierre, ainsi qu’il le fit déjà avec maint preux chevaliers. Mais les filles de Kachtcheï et les treize princesses, ses captives, intercèdent et s’efforcent de sauver Ivan Tsarevitch. Survient l’Oiseau de feu, qui dissipe les enchantements. Le château de Kachtcheï disparaît, et les jeunes filles, les princesses, Ivan Tsarevitch et les chevaliers délivrés s’emparent des précieuses pommes d’or de son jardin. »

    Toutefois, le chorégraphe Michel Fokine, élabore déjà davantage le récit. Ivan Tsarevitch réussit en fait à capturer l’Oiseau de feu dans l’arbre aux pommes d’or du jardin de Kachtcheï et, en échange de sa liberté, l’Oiseau de feu donne une de ses plumes enflammées à Ivan en lui disant qu’elle lui sera utile. La porte du château de Kachtcheï s’ouvre et treize Princesses sortent, dont la Princesse de la Beauté Sublime. Elles jouent avec les pommes d’or et celle de la Princesse de la Beauté Sublime tombe dans un buisson derrière lequel s’est caché Ivan. En la récupérant, elle le voit et ils tombent amoureux. Les Princesses retournent dans le palais et Ivan, ne pouvant vivre sans la Princesse de la Beauté Sublime, tente d’entrer dans le château, ce qui déclenche le carillon magique. Il est capturé par les gardiens de Kachtcheï, qui arrive et le questionne, mais Ivan lui crache au visage. Il est alors placé contre un mur de pierre et Kachtcheï débute l’incantation qui le changera en pierre. Soudainement, Ivan se souvient de la plume de l’Oiseau de feu. Il l’agite et l’oiseau apparaît, rompant le sortilège de Kachtcheï. Ivan et la Princesse sont mariés et couronnés Tsar et Tsarine.

     

    Mouvements retenus dans la plupart des représentations

    • I. Introduction

    • Premier tableau

    o II. Le Jardin enchanté de Kachtcheï

    o III. Apparition de l'Oiseau de feu, poursuivi par Ivan Tsarévitch

    o IV. Danse de l'Oiseau de feu

    o V. Capture de l'Oiseau de feu par Ivan Tsarévitch

    o VI. Supplications de l'Oiseau de feu

    o VII. Apparition des treize princesses enchantées

    o VIII. Jeu des princesses avec les pommes d'or. Scherzo

    o IX. Brusque apparition d'Ivan Tsarévitch

    o X. Khorovode (Ronde) des princesses

    o XI. Lever du jour

    o XII. Ivan Tsarévitch pénètre dans le palais de Kachtcheï

    o XIII. Carillon Féerique, apparition des monstres-gardiens de Kachtcheï et capture d'Ivan Tsarévitch

    o XIV. Arrivée de Kachtcheï l'Immortel

    o XV. Dialogue de Kachtcheï avec Ivan Tsarévitch

    o XVI. Intercession des princesses

    o XVII. Apparition de l'Oiseau de feu

    o XVIII. Danse de la suite de Kachtcheï, enchantée par l'Oiseau de feu

    o XIX. Danse infernale de tous les sujets de Kachtcheï

    o XX. Berceuse (L'Oiseau de feu)

    o XXI. Réveil de Kachtcheï

    o XXII. Mort de Kachtcheï

    o XXIII. Profondes ténèbres

    • Second tableau

    o XXIV. Disparition du palais et des sortilèges de Kachtcheï, animation des chevaliers pétrifiés, allégresse générale

     

    Le ballet : l’Oiseau de Feu

    Célébration du centenaire des ballets russes au Théâtre Mariinsky dirigé par Valery Gergiev.

     

     

    Walt Disney,  Fantasia 2000, L'Oiseau de Feu


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  • L'Apprenti sorcier est un poème symphonique de Paul Dukas de 1897, inspiré par la ballade éponyme Der Zauberlehrling de Goethe écrite juste un siècle plus tôt. Composé sous forme de scherzo, sa création a lieu à Paris le 18 mai de la même année lors d'un concert de la Société nationale de musique, sous la direction du compositeur.

    source : http://fr.wikipedia.org/wiki/L'Apprenti_sorcier_(Paul_Dukas)

    Synopsis : Un apprenti sorcier tente d'animer un balai pour qu'il effectue son travail : remplir une bassine d'eau avec des seaux. Ne contrôlant plus son enchantement, il tente de le détruire à la hache, mais il se retrouve face à un deuxième balai suivant le premier pour inonder la maison. Son maître arrive enfin et répare les dégâts provoqués par l'apprenti.

    Musique : L'œuvre possède deux thèmes reconnaissables qui se jalonnent (ou s'affrontent) tout au long de l'écoute. On peut y entendre la mélodie du balai et la joie de l'apprenti, souvent modifiée par différentes harmonies pour représenter le doute, la peur et l'effroi (final). L'auditeur peut également situer l'évolution de la course du balai enchanté, les rigoles d'eau, le choc de la hache, son dédoublement ainsi que le chaos total. Dans le Fantasia de Walt Disney, on reconnaît dans son regard que le maître est hors de lui, mais reste calme. Les quatre dernières notes (claquantes) font penser à une gifle punissant l'imprudent.

    Textes sur Littérature au primaire :

    ♦ L'Apprenti sorcier (d'après Goethe, adaptation de Marie Tenaille).

    ♦ L'Apprenti sorcier (Goethe, traduit par Nerval), 1965.

     

    Walt Disney, Fantasia, L’apprenti sorcier  (1940)

     

    Joué lors de l'émission de Jean-François Zygel sur France 5, Orchestre Philharmonique de Radio France.

    Film tourné au Théâtre du Châtelet (Paris) le 21 juin 2009.

     

    Dukas : L'Apprenti sorcier, scherzo symphonique

     

    Film L'Apprenti sorcier (1933)

    En 1933, Jean Weidt incarne L'Apprenti sorcier, esclave d'un maître autoritaire et violent, qui tente de donner vie à son balai pour améliorer ses conditions de travail éreintantes.

    A la fin de la République de Weimar, l'Allemagne verra naître des mouvements de protestation artistiques. Les artistes opprimés par le régime du Troisième Reich n’auront d’autre choix que l’exil pour revendiquer leur envie d’une vie meilleure à travers l’expressionnisme.

    Réalisateur : Max REICHMAN
    Nationalité : Française
    Acteur : Jean Weidt
    Durée : 9' 20"
    Genre : fiction
    Son : sonore
    Tirage : noir et blanc
    Producteur : Société de production de radio-télévision-cinéma (RTC)
    Compositeur : Paul Dukas
    Langue originale : Française 

    http://www.europafilmtreasures.fr/PY/412/voir-le-film-lapprenti_sorcier#

     

    A noter : dessin animé les "histoires du père Castor" : l'Apprenti sorcier.


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  • Peer Gynt (prononciation : [ˈpeːr ˈɡʏnt]) est un drame poétique devenu pièce de théâtre de l'auteur norvégien Henrik Ibsen sur une musique du compositeur Edvard Grieg. Elle est jouée pour la première fois au théâtre national de Christiania le 24 février 1876 et reçoit un accueil triomphal auquel la scénographie vivante et surtout la musique époustouflante concourent.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Peer_Gynt

    Argument

    La pièce de théâtre est beaucoup plus une farce sur l'identité du voyageur dans le vaste monde, à commencer par l'identité nationale de l'auteur. Elle relate la chute et la rédemption d'un Norvégien aventureux, paresseux et dégénéré. Si Ibsen souhaite que Peer, « la lie de son cœur », soit l'incarnation des mentalités paysannes les plus répugnantes, il puise surtout dans l'imaginaire des traditions populaires et des contes de Norvège, qui ont été dévoilés par les travaux pionniers de Peter Christen Asbjørnsen et Jørgen Moe. Il emprunte d'ailleurs le personnage de Peer à un recueil de contes populaires d'Asbjørnsen et les facéties cruelles à l'art des conteurs qui essaient de capter l'attention par des improvisations maîtrisées. À l'époque, Ibsen commence à pratiquer la photographie, en particulier en s'initiant au portrait et l'écrivain imagine aisément le négatif de son personnage Brandt. Peer sera donc « un poète hâbleur, vaurien, irresponsable, fuyant le devoir, le vouloir, la réalité », comme le commente Régis Boyer. Le Grand Courbe l'initie à faire le tour, le voilà définitivement menteur, lâche, rêveur, incapable, égoïste... Le personnage principal, Peer Gynt, est un jeune fanfaron d'une vingtaine d'années qui tente de fuir la réalité pour la pure vie idéale et accessoirement par le mensonge. Peer a la chance d'obtenir la promesse de la main de Solveig, jeune fille vertueuse et fidèle, mais, par manque de persévérance, il enlève en pleine fête nuptiale une jeune épouse séduisante Ingrid. Ayant été violée et pour finir abandonnée par Peer, Ingrid déplore son triste sort. À la recherche d'aventure et d'amour, Peer Gynt en fuite de son village natal rencontre une des filles du vieux roi de Dovre, qui, séduite par Peer, l'entraîne dans le monde des trolls et des démons. Ils rendent ainsi visite au légendaire roi des montagnes de Dovre, dont les autres filles sont des gnomes. Il souscrit à la devise des trolls : « Suffis toi toi-même », alors que la sagesse des hommes lui suggère « Sois toi-même ». Mais afin de pouvoir épouser la princesse et d'avoir bien et honneurs, il finit par renoncer à sa condition d'homme. Il entre en déchéance et comprenant que sa vie est en danger, l'évite par la fuite1. Mais il demeure toujours un vagabond des montagnes, dévoré d'ambition et d'orgueil, à la recherche d'affaires mirobolantes. Dans ces hauts lieux de la tristesse, il fait une rencontre fugitive avec une désespérée, Solveig, la jeune fille rencontrée avant les noces. Peer rentre chez sa mère Åse moribonde, qui a été autrefois, avec lui, à la fois rude et tendre. Peer Gynt transforme le trépas en chevauchée fantastique au seuil du paradis où il confie personnellement l'âme maternelle au portier saint Pierre. Après la mort d'Åse, Peer quitte la Norvège. Au début de l'acte IV - c'est au commencement de cet acte qu'est joué le célèbre prélude, Matin - on retrouve Peer Gynt après un saut dans le temps de près de vingt ans en Afrique dans un Maroc légendaire où il a fait fortune. Il est maintenant un prospère marchand d'esclaves, qui se fait considérer en excellent théoricien de la bonne vie, incontournable gardien de l'éthique et exemple moral. Mais sa richesse fraîchement acquise ne l'incite qu'à plus de débauches. Il projette un grandiose retour. Le navire de ses richesses est volé par son partenaire en affaires, puis coule lors d'une tempête. Au terme de son naufrage économique, Peer redevenu pauvre hère, engage une lutte de survie avec les bêtes de la brousse, se trouve ravalé à une vie ridicule avec des singes, puis s'impose comme le prophète d'une tribu d'hommes sauvages. Il se tourne vers Dieu. Attaqué par des trolls, il se retrouve dans le désert et est sauvé par la découverte d'une oasis. Après avoir visité l'Arabie et séduit la belle Anitra qui lui vole ses derniers biens, Peer finit par échouer dans un asile égyptien au Caire, où il devient « empereur des fous ». Il a une vision de Solveig, restée dans son pays natal. Au dernier acte, nous retrouvons Peer sur un vaisseau de retour au pays. Il rencontre le mystérieux fondeur de boutons qui doit reprendre son âme pour la rendre au maître de toute chose. Mais quelque chose cloche : il n'est qu'un bouton mal fait, donc à refondre dans le grand chaudron. Peer se révolte et n'accepte pas sa condition de bouton raté. Le navire fait naufrage en cours de route. Rentré sur terre vieux et pauvre, il retrouve la fidèle Solveig fanée par les années qui l'a attendu miraculeusement, et le console en ses ultimes instants. Il meurt comme un enfant bercé dans les bras symbole de l'amour rédempteur. Juste avant qu'il ne rende le dernier soupir, elle lui murmure tendrement : « Ton voyage est fini, Peer, tu as enfin compris le sens de la vie, c'est ici chez toi et non pas dans la vaine poursuite de tes rêves fous à travers le monde que réside le vrai bonheur. »

    Texte en français : http://sources.ebooksgratuits.com/ibsen_peer_gynt_ocr.pdf

     

    Extrait In the hall of the moutain

     

    Extrait Solveig’s song

     

    Extrait Le matin

     

    Voici le début du film Peer Gynt réalisé par David Bradley en 1941 avec l’acteur Charlton Heston, âgé de 16 ans.

     


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  • Pelléas et Mélisande est une pièce de théâtre symboliste de Maurice Maeterlinck, créée le 13 mai 1893.

    Claude Debussy en a fait un opéra en 1902, avec un livret écrit par Maeterlinck à partir de sa pièce.

    Télécharger le livret

    Voir le site "livretpartition"

    Pelléas et Melisande (Claude Debussy, livret de Maurice Maeterlinck)

    Outre Debussy, plusieurs compositeurs furent également inspirés par l'œuvre du poète belge :

     

    -Gabriel Fauré, en 1898: musique de scène pour la pièce (suite pour orchestre opus 80), Pelléas et Mélisande, orchestrée par Charles Koechlin.
    -Jean Sibelius, en 1905: une autre musique de scène (opus 46), Pelléas et Mélisande.
    -William Wallace, en 1900: une suite d'orchestre.
    -Arnold Schönberg, en 1903: un poème symphonique du même nom (opus 5).

     



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  • PREMIÈRE PARTIE La Maison
    (Une pièce à la campagne plafond très bas, donnant sur un jardin. Une maison normande, ancienne, ou mieux: démodée; de grands fauteuils, houssés; une haute horloge à cadran fleuri. Une teinture à petits personnages, bergerie. Une cage ronde à écureuil, pendue près de la fenêtre. Une grande cheminée à hotte, un reste de feu paisible ; une bouilloire qui ronronne. Le chat aussi. C'est l'après-midi.
    L’Enfant, six ou sept ans, est assis devant un devoir commencé. Il est en pleine crise de paresse, il mord son porte-plume, se gratte la tête et chantonne à demi-voix.)


    L'ENFANT
    J'ai pas envie de faire ma page. J'ai envie d'aller me promener. J'ai envie de manger tous les gâteaux. J'ai envie de tirer la queue du chat Et de couper celle de l'écureuil. J'ai envie de gronder tout le monde! J'ai envie de mettre Maman en pénitence...
    (La porte s'ouvre. Entre maman, ou plutôt ce qu’en laissent voir plafond très bas et l’échelle de tout le décor où tous les objets assument des dimensions exagérées, pour rendre frappante la petitesse de l’Enfant, c’est-à-dire une jupe, le bas d’un tablier de soie, la chaîne d’acier où pend une paire de ciseaux, et une main. Cette main se lève, interroge de l’index..)


    MAMAN
    Bébé a été sage? Il a fini sa page?
    (l'Enfant ne répond rien et se laisse glisser, boudeur, en bas de sa chaise. La robe s’avance sur la scène, une main tendue au-dessus du cahier. L’autre main plus haute, soutient un plateau portant la théière et la tasse du goûter.)
    Oh! Tu n'as rien fait! Tu as éclaboussé d'encre le tapis! Regrettes-tu ta paresse?
    (silence de l’Enfant.)
    Promettez-moi, Bébé, de travailler?
    (Silence)
    Voulez-vous me demander pardon?
    (Pour toute réponse, Bébé lève la tête vers Maman et tire la langue.)
    Oh!...
    (La Jupe recule un peu. La seconde main dépose sur la table le plateau du goûter.) (Sévère)
    Voici le goûter d'un méchant enfant: du thé sans sucre, du pain sec. Restez tout seul jusqu'au dîner! Et songez à votre faute!
    Et songez à vos devoirs!
    Songez, songez surtout au chagrin de Maman!...
    (La porte se rouvre, la robe s’en va. L’Enfant, resté seul, est pris d'une frénésie de perversité. Il trépigne et crie à pleins poumons vers la porte.)
    L'ENFANT
    Ça m'est égal! Justement j'ai pas faim! Justement j'aime beaucoup mieux rester tout seul ! Je n'aime personne! Je suis très méchant! Méchant, méchant! Méchant!
    (Il balaie d'un revers de main la théière et la tasse, qui se brisent en mille morceaux. Puis il grimpe sur la fenêtre, ouvre la cage de l'Ecureuil et veut piquer la petite bête avec sa plume de fer. L'Ecureuil, blessé, crie et s'enfuit par l'imposte ouverte de la croisée. L'Enfant saute à bas de la fenêtre et tire la queue du chat, qui jure et se cache sous un fauteuil.)
    L'ENFANT (hors de lui) Hourrah!
    (Il brandit le tisonnier, fourgonne le Feu, y renverse d’un coup de pied la bouilloire : flots de cendre et de fumée.)
    Hourrah! Hourrah!
    (Il se sert du tisonnier comme d'une épée pour attaquer les petits personnages de la tenture, qu'il lacère: de grands lambeaux de tenture se détachent du mur et pendent. Il ouvre la boîte de la grande horloge, se pend au balancier, qui lui reste entre les mains. Puis, avisant sur la table les cahiers et les livres, il les met en pièces, en riant aux éclats.)
    Hourrah! Plus de leçons! Plus de devoirs! Je suis libre, libre, méchant et libre!
    (Saoul de dévastation, il va tomber essoufflé entre les bras du grand fauteuil couvert d'une housse à fleurs. Mais, ô surprise! Les bras du fauteuil s'écartent, le siège se dérobe, et le Fauteuil, clopinant lourdement comme un énorme crapaud, s'éloigne.)
    L'ENFANT
    Ah!
    (Ayant fait trois pas en arrière, le Fauteuil revient, lourd et goguenard, et s'en va saluer une petite bergère Louis XV, qu'il emmène avec lui pour une danse compassée et grotesque.)
    LE FAUTEUIL
    Votre serviteur humble, Bergère.
    LA BERGÈRE (avec révérence) Votre servante, Fauteuil.
    LE FAUTEUIL
    Nous voilà donc débarrassés A jamais de cet Enfant Aux talons méchants.
    LA BERGÈRE
    Vous m'en voyez, vous m'en voyez aise!
    LE FAUTEUIL
    Plus de coussins pour son sommeil, Plus de sièges pour sa rêverie, Plus de repos pour lui que sur la terre nue. Et encore... qui sait?
    LA BERGÈRE
    Et encore... qui sait?
    TOUS LES DEUX
    Nous voilà donc débarrassés A jamais de cet Enfant Aux talons méchants.
    LE FAUTEUIL
    Le Banc, le Canapé, le Pouf...
    LA BERGÈRE
    ...et la Chaise de paille...
    LE FAUTEUIL
    Ne voudront plus de l’Enfant.
    LES MEUBLES (que viennent de nommer le Fauteuil et la Bergère lèvent, qui les bras, qui les pieds, et répètent en chœur) Plus de l’Enfant.
    (Immobile de stupeur, l’Enfant, adossé au mur, écoute et regarde.)
    L'HORLOGE COMTOISE (sonnant et chantant) Ding, ding, ding, ding, ding, ding!... Et encore, ding, ding, ding! Je ne peux plus m'arrêter de sonner!
    Je ne sais plus l'heure qu'il est! Il m'a ôté mon balancier! J'ai d'affreuses douleurs de ventre! J'ai un courant d'air dans mon centre! Et je commence à divaguer!
    (Sur deux pieds, qui dépassent sous sa chemise de bois, l'Horloge avance. Elle a une ronde petite figure rose à la place de son cadran, et deux bras courts gesticulant.)
    L’ENFANT (effrayé) Ah! L'Horloge marche.
    L'HORLOGE COMTOISE (marchant et sonnant) Ding, ding, ding... Laissez-moi au moins passer, Que j'aille cacher ma honte!
    Sonner ainsi à mon âge! Moi, moi qui sonnais de douces heures, Heure de dormir, heure de veiller, Heure qui ramène celui qu'on attend, Heure bénie où naquit le méchant Enfant! Peut-être que, s'il ne m'eût mutilée, Rien n'aurait jamais changé Dans cette demeure Peut-être qu'aucun n'y fût jamais mort... Si j'avais pu continuer de sonner, Toutes pareilles les unes aux autres, Les heures! Ah! Laissez-moi cacher ma honte et ma douleur Le nez contre le mur! Ding, ding, ding... (Sonnant lamentablement, elle traverse la scène et s’en va à l’autre bout de la pièce, face au mur et redevient immobile. On entend deux voix nasillardes au ras du sol.)
    LA THÉIÈRE (Wedgwood noire) How Is your mug?
    LA TASSE (chinoise) Rotten!
    LA THÉIÈRE
    ...better had...
    LA TASSE
    Come on!
    LA THÉIÈRE (à l’Enfant; avec une menace doucereuse et des manières de champion de boxe) Black and costaud, Black and chic, jolly fellow, I punch, Sir, I punch your nose. I knock out you, stupid chose!
    Black and thick, and vrai beau gosse, I box you, I marmelade you...
    LA TASSE (à l’Enfant, en le menaçant de ses doigts pointus et dorés) Keng-ça-fou, Mah-jong, Keng-ça-fou, puis' -kong-kong-pran-pa, Ça-oh-râ, Ça-oh-râ...
    Ça-oh-râ, Cas-ka-ra, harakiri, Sessue Hayakawa Hâ! Hâ! Ça-oh-râ toujours l'air chinoâ.
    LA TASSE, LA THÉIÈRE
    Hâ! Ça-oh-râ toujours l'air chinoâ. Ping, pong, ping...
    LA THÉIÈRE
    I boxe you.
    LA TASSE, LA THÉIÈRE
    Ping, pong, ping, pong, ping. Ah! Kek-ta fouhtuh d’mon Kaoua? (La Théière et la Tasse disparaissent en dansant.)
    L'ENFANT (atterré) Oh! Ma belle tasse chinoise!
    (Le soleil a baissé. Ses rayons horizontaux deviennent rouges. L'Enfant frissonne de peur et de solitude; il se rapproche du Feu, qui lui crache au visage une fusée étincelante.)
    LE FEU (bondissant hors de la cheminée, mince, pailleté, éblouissant) Arrière! Je réchauffe les bons, mais je brûle les méchants! Petit barbare imprudent, tu as insulté à tous les Dieux bienveillants, qui tendaient entre
    le malheur et toi la fragile barrière! Ah ! Tu as brandi le tisonnier, renversé la bouilloire, éparpillé les allumettes, gare! Gare au feu dansant! Tu fondrais comme un flocon sur sa langue écarlate! Ah ! Gare ! Je réchauffe les bons ! Gare ! Je brûle les méchants ! Gare ! Gare à toi !
    (Le Feu s'élance, et poursuit d'abord l’Enfant qui s'abrite derrière les meubles. Derrière le Feu, née sous ses pas, monte la Cendre. Elle est grise onduleuse, muette, et le Feu ne la voit pas d'abord. Puis, l'ayant vue, il joue avec elle. Elle joue avec lui. Elle tente, sous ses longs voiles gris, de maîtriser le Feu. Il rit, s'échappe, et danse. Le jeu continue jusqu'au moment où, las de lutter, le Feu se laisse éteindre. Il tente un dernier sursaut pour se libérer, brille encore un instant, puis s'endort, roulé dans les longs bras et les longs voiles. Au moment où il cesse de briller, l'ombre envahit la chambre, le crépuscule est venu, il étoile déjà les vitres, et la couleur du ciel présage le lever de la pleine lune.)
    L'ENFANT (à demi-voix) J'ai peur, j'ai peur...
    (Des rires menus lui répondent. Il cherche, et voit se soulever les lambeaux déchirés de la tenture. Tout un cortège des petits personnages peints sur le papier s'avance, un peu ridicules, et très touchants. Il y a la Pastoure, le Pâtre, les moutons, le chien, la chèvre, etc... Une musique naïve de pipeaux et de tambourins les accompagne.)
    LES PÂTRES
    Adieu, pastourelles!
    LES PASTOURELLES
    Pastoureaux, adieu!
    LES PÂTRES, LES PASTOURELLES
    Nous n'irons plus sur l'herbe mauve, Paître nos verts moutons!
    LES PÂTRES
    Las, notre chèvre amarante!
    LES PASTOURELLES
    Las, nos agneaux roses tendres!
    LES PÂTRES
    Las, nos cerises zinzolin!
    LES PÂTRES, LES PASTOURELLES
    Notre chien bleu!
    LES PÂTRES
    Le bras tendu, pastourelles, Nos amours semblaient éternelles, Nos pipeaux.
    LES PASTOURELLES
    La bouche en cœur, pastoureaux, Eternels semblaient nos pipeaux.
    (Ballet des petits personnages, qui expriment, en dansant, le chagrin de ne pouvoir plus se joindre.)
    UN PÂTRE
    L'Enfant méchant a déchiré Notre tendre histoire. Pâtre de ci, pastourelle de là, L’Enfant méchant qui nous doit Son premier sourire.
    UN PÂTRE, UNE PASTOURELLE
    Pâtre de ci, pastourelle de là, L’Enfant méchant qui nous doit Son premier sourire.
    UNE PASTOURELLE
    L’Enfant ingrat qui dormait sous la garde De notre chien bleu. Las, notre chèvre amarante!
    UN PÂTRE
    Las, nos roses et verts moutons!
    LES PÂTRES
    Adieu, Pastourelles !
    LES PASTOURELLES
    Pastoureaux, adieu !
    (Ils s'en vont, et avec eux la musique de cornemuses et de tambourins. L’Enfant s'est laissé glisser tout de son long à terre, la figure sur ses bras croisés. Il pleure. Il est couché sur les feuillets lacérés de livres, et c'est l'un des grands feuillets sur lequel il est étendu qui se soulève comme une dalle pour laisser passer d'abord une main langoureuse, puis une chevelure d'or, puis toute une Princesse adorable de conte de Fées, qui semble à peine éveillée, et étire ses bras chargés de joyaux.)
    L'ENFANT (émerveillé) Ah! C'est Elle! C'est Elle!
    LA PRINCESSE
    Ah ! Oui, c'est Elle, ta Princesse enchantée. Celle que tu appelais dans ton songe, La nuit passée. Celle dont l'histoire, commencée hier,
    Te tint éveillé si longtemps. Tu te chantais à toi-même: "Elle est blonde Avec des yeux couleur du temps". Tu me cherchais dans le cœur de la rose Et dans le parfum du lys blanc. Tu me cherchais, tout petit amoureux, Et j'étais, depuis hier, ta première bien-aimée!
    L'ENFANT
    Ah! C'est Elle! C'est Elle!
    LA PRINCESSE
    Mais tu as déchiré le livre, Que va-t-il arriver de moi? Qui sait si le malin enchanteur Ne va pas me rendre au sommeil de la mort, Ou bien me dissoudre en nuée?
    Dis, n'as-tu pas regret d'ignorer à jamais Le sort de ta première bien-aimée?
    L'ENFANT (tremblant) Oh! Ne t'en va pas! Reste! Dis-moi... Et l'arbre où chantait l'oiseau bleu?
    LA PRINCESSE (désignant les feuillets épars) Vois ses branches, vois ses fruit, hélas...
    L'ENFANT (anxieux) Et ton collier, ton collier magique?
    LA PRINCESSE (de même) Vois ses anneaux rompus, hélas...
    L'ENFANT
    Ton Chevalier? Le Prince au Cimier couleur d'aurore? Qu'il vienne, avec son épée! Si j'avais une épée! Une épée! Ah! Dans mes bras, dans mes bras! Viens, je saurai te défendre!
    LA PRINCESSE (se tordant les bras) Hélas, petit ami trop faible, Que peux-tu pour moi? Sait-on la durée d'un rêve?
    Mon songe était si long, si long, Que peut-être, à la fin du songe, C'eût été toi, le Prince au Cimier d'aurore!...
    (Le sol bouge et s'ouvre au-dessous d'elle ; elle appelle:)
    A l'aide! A l'aide! Le Sommeil et la Nuit veulent me reprendre! A l'aide!
    L'ENFANT (la retenant en vain par sa chevelure d'or, par ses voiles, par ses longues mains blanches)
    Mon épée! Mon épée! Mon épée!
    (Mais une force invisible aspire la Princesse qui disparaît sous la terre.)
    L'ENFANT (seul et désolé, à mi-voix) Toi, le cœur de la rose, Toi, le parfum du lys blanc, Toi, tes mains et ta couronne,
    Tes yeux bleus et tes joyaux... Tu ne m'as laissé, comme un rayon de lune, Qu'un cheveu d'or sur mon épaule, Un cheveu d'or... et les débris d'un rêve...
    (il se penche, et cherche parmi les feuillets épars la fin du conte de Fées, mais en vain... Il cherche...)
    Rien... Tous ceux-ci sont des livres arides, D'amères et sèches leçons.
    (Il les pousse du pied. Mais de petites voix aigres sortent d'entre les pages, qui se soulèvent et laissent voir les malicieuses et grimaçantes petites figures des chiffres. D'un grand album plié en forme de toit, sort un petit vieillard bossu, crochu, barbu, vêtu de chiffres, coiffé d'un " Π", ceinturé d'un mètre de couturière et armé d'une équerre. Il tient un livre de bois qui claque en mesure, et il marche à tout petits pas dansés, en récitant des bribes de problèmes.)
    LE PETIT VIEILLARD
    Deux robinets coulent dans un réservoir! Deux trains omnibus quittent une gare A vingt minutes d'intervalle, Valle, valle, valle!
    Une paysanne, Zanne, zanne, zanne, Porte tous ses œufs au marché! Un marchand d'étoffe, Toffe, toffe, toffe, A vendu six mètres de drap!
    (Il aperçoit l’Enfant et se dirige vers lui de plus malveillante manière.)

    L'ENFANT (affolé)
    Mon Dieu! C'est l'Arithmétique!
    LE PETIT VIEILLARD, LES CHIFFRES (soulevant les feuillets et piaillant) Tique, tique, tique!
    (Il danse autour de l’Enfant en multipliant les passes maléfiques.)
    LE PETIT VIEILLARD (en se pinçant le nez) Quatre et quat'dix-huit, Onze et six vingt-cinq, Quatre et quat'dix-huit,
    Sept fois neuf trente-trois
    L'ENFANT (surpris) Sept fois neuf trente-trois?
    LES CHIFFRES
    Sept fois neuf trente-trois, etc. (ils sortent de dessous les feuillets)
    L'ENFANT (égaré) Quatre et quat’
    LE PETIT VIEILLARD (soufflant)
    Dix-huit !
    L'ENF ANT
    Onze et six ?
    LE PETIT VIEILLARD (même jeu) Vingt-cinq !
    L'ENFANT (exagérant résolument) Trois fois neuf quat'cent!
    LE PETIT VIEILLARD (Il se balance pour prendre le mouvement de la ronde) Millimètre, Centimètre, Décimètre,
    Décamètre, Hectomètre, Kilomètre, Myriamètre, Faut t'y mettre! Quelle fêtre! Des millions, Des billions, Des trillions, et des frac-cillions!
    LES CHIFFRES, LE PETIT VIEILLARD (entraînant l’Enfant dans leur danse) Deux robinets coulent dans un réservoir! etc.
    LES CHIFFRES, LE PETIT VIEILLARD (ronde folle) Trois fois neuf trent'trois! Deux fois six vingt-sept! Quatre et quat'? Quatre et quat'?
    Deux fois six trente et un! Quatre et sept cinquante-neuf? Cinq fois cinq quarante-trois! Sept et quat' cinquante-cinq! Quatre et quat ! Cinq et sept ! Vingt-cinq ! Trent’sept ! Ah !
    (L’Enfant tombe, étourdi, tout de son long. Le Petit Vieillard et les Chiffres s'éloignent.)

    LE PETIT VIEILLARD (paraissant d’un côté de la scène)
    Quatre et quat'dix-huit!
    LES CHIFFRES
    Onze et six vingt-cinq! Trent’-trois !
    (L'Enfant se relève péniblement sur son séant. La lune est levée, elle éclaire la pièce. Le Chat noir sort lentement de dessous le fauteuil. Il s'étire, bâille et fait sa toilette. L'Enfant ne le voit pas d'abord et s'étend, harassé, la tête sur un coussin de pieds.)
    L'ENFANT
    Oh! Ma tête! Ma tête!
    (Le Chat joue et roule une balle de laine. Il arrive auprès de l’Enfant et veut jouer avec la tête blonde comme avec une pelote.) (Il se relève à demi et voit le Chat) C'est toi, Chat? Que tu es grand et terrible!
    Tu parles aussi, sans doute?
    (Le Chat fait signe que non, jure et se détourne de l’Enfant. Il joue avec sa pelote. La Chatte blanche paraît dans le jardin. Le Chat interrompt son jeu.)


    DEUXIÈME PARTIE Le Jardin
    (Le Chat va rejoindre la Chatte. L’Enfant le suit peureusement, attiré par le jardin. A ce moment, les parois s'écartent, le plafond s'envole et l’Enfant se trouve, avec le Chat et la Chatte, transporté dans le jardin éclairé par la pleine lune et la lueur rose du couchant. Des arbres, des fleurs, une toute petite mare verte, un gros tronc vêtu de lierre.)

    Musique d'insectes, de rainettes, de crapauds, de rires de chouettes, de murmures de brise et de rossignols.
    L'ENFANT (ouvrant les bras) Ah! Quelle joie de te retrouver, Jardin! (Il s'appuie au gros tronc d'arbre qui gémit.) (effrayé de nouveau) Quoi?
    L'ARBRE (gémissant) Ma blessure... Ma blessure...
    L'ENFANT
    Quelle blessure?
    L'ARBRE
    Celle que tu fis aujourd'hui à mon flanc, avec le couteau dérobé... Hélas! Elle saigne encore de sève...
    LES AUTRES ARBRES (gémissant et se balançant) Nos blessures... nos blessures... Elles sont fraîches, et saignent encore de sève...ô méchant!
    (L'Enfant apitoyé, appuie sa joue contre l'écorce du gros Arbre. Une Libellule passe, grésillante, et disparaît. Elle repasse, repasse encore. D'autres la suivent. Un sphinx du laurier-rose l'imite. D'autres sphinx, d'autres Libellules.)
    LA LIBELLULE (celle qui a passé la première, chante en volant) Où es-tu? Je te cherche... Le filet...
    Il t'a prise... O toi, chère, Longue et frêle, Tes turquoises, Tes topazes, L'air qui t'aime Les regrette Moins que moi...
    LE ROSSIGNOL
    Ah!...
    LA LIBELLULE
    Seule, seule, Je languis... Je te cherche... (A l’Enfant, en tournoyant au-dessus de sa tête) Rends-la moi!
    Où est-elle? Ma compagne, Rends-la moi!
    L'ENFANT
    Je ne peux pas! Je ne peux pas!
    LA LIBELLULE (pressante) Où est-elle?
    L'ENFANT (se détournant) Je ne puis... (à part) La libellule que j'ai prise... Percée d'une épingle... Contre le mur
    (horrifié) Ah!...
    LA CHAUVE-SOURIS (en l'air) Rends-la moi... tsk, tsk, Rends-la moi... Tsk... Ma compagne... La Chauve-souris... tu sais?
    L'ENFANT (baissant la tête) Je sais!
    LA CHAUVE-SOURIS (volant) Le bâton... Tsk, tsk... la poursuite... hier soir... Tsk... Ta victoire... Et la petite bête, là, morte à tes pieds...
    L'ENFANT
    Grâce!
    LA CHAUVE-SOURIS
    Le nid plein... Les petits... sans leur mère. Il faut... tsk, tsk, qu'on les nourrisse...
    L'ENFANT
    Sans mère!
    LA CHAUVE-SOURIS
    Alors, nous... Tsk, tsk... Nous volons. Nous chassons... Nous tournons... nous chassons Nous happons... Tsk... Tsk... C'est ta faute...
    (Ronde de Chauves-souris. Au-dessous, une petite rainette émerge de la mare, s'appuie des deux mains au bord. Une autre fait de même, puis une autre, et la mare se trouve couronnée de rainettes, bien serrées l'une contre l'autre, et coassantes. En coassant, elles sortent, et se mettent à jouer à la manière des rainettes. L'une d'elles, ayant dansé, s'appuie de la main au genou de l’Enfant.)
    L'ÉCUREUIL (sèchement, du haut de l’arbre, parmi un bruit de noisettes éclatées) Sauve-toi, sotte! Et la cage? La cage?
    LA RAINETTE
    Kékékékékécekça?
    L'ÉCUREUIL (à la fourche des deux basses branches, et toussant à la manière des écureuils) La prison... Heu, heu. La prison. Le fer qui pique, entre deux barreaux. Heu, heu. J'ai pu fuir, mais tes quatre petites mains mouillées ne valent pas les miennes.
    LA RAINETTE
    Que-que-que-que-dis-tu? Je ne connais pas la cacacacage. Je connais la mouche qu'on me jette. (Elle saute.) Ploc! Et le chiffon rouge. (Elle saute.) Ploc! L'appât vient, je bondis, on me prend,
    je m'échappe, je reviens. Ploc!
    L'ÉCUREUIL
    Sans-cervelle! Tu auras mon sort!
    L'ENFANT (à l’Ecureuil) La cage, c'était pour mieux voir ta prestesse, Tes quatre petites mains, tes beaux yeux...
    L'ÉCUREUIL (sarcastique) Oui, c'était pour mes beaux yeux! (Pendant qu'il parle, le jardin se peuple d'écureuils bondissants. Leurs jeux, leurs caresses, suspendus en l'air, n'inquiètent pas ceux de rainettes, au-dessous. Un couple de Libellules, enlacé, se disjoint, s'accole. Un couple de sphinx du laurier-rose les imite. D'autres groupes se nouent, se défont. Le jardin, palpitant d'ailes, rutilant d'écureuils, est un paradis de tendresse et de joie animales.) Sais-tu ce qu'ils reflétaient, mes beaux yeux? Le ciel libre, le vent libre, mes libres frères, au bond sûr comme un vol!... Regarde donc ce qu'ils reflétaient, mes beaux yeux tout miroitants de larmes!
    L'ENFANT
    Ils s'aiment... ils sont heureux... Ils m'oublient... (Le Chat noir et la Chatte blanche paraissent au faîte d’un mur. Le Chat lèche amicalement les oreilles de la Chatte, joue avec celle. Ils s'éloignent, l'un suivant l'autre, sur le faîte étroit du mur.) Il s'aiment... ils m'oublient...Je suis seul... (Malgré lui il appelle:) Maman!
    (A ce cri, toutes les bêtes se dressent, se séparent, les unes fuient, les autres accourent menaçantes, mêlent leurs voix à celles des arbres, s'écrient:)
    LES BÊTES, LES ARBRES
    Ah! C'est l’Enfant au couteau! C'est l’Enfant au bâton! Le méchant à la cage! Le méchant au filet!
    Celui qui n'aime personne, Et que personne n'aime! Faut-il fuir? Non! Il faut châtier.
    J'ai mes griffes! J'ai mes dents! J'ai mes ailes onglées! Unissons-nous, unissons-nous!
    (Toutes les bêtes fondent à la fois sur l’Enfant, le cernent, le poussent, le tirent. C'est une frénésie, qui devient lutte, car chaque bête veut être seule à châtier l’Enfant, et les bêtes commencement à s'entre-déchirer. L'Enfant, pris, délivré, repris, passe de pattes en pattes. Au plus fort de la lutte, il est projeté dans un coin de la scène, et les bêtes l'oublient, dans leur ivresse de combattre. Presque en même temps, un petit écureuil, blessé, vient choir auprès de l’Enfant avec un cri aigu. Les bêtes honteuses, s'immobilisent, se séparent, entourent de loin l'Ecureuil qu'elles ont meurtri ...Arrachant un ruban de son cou, l’Enfant lie la patte blessée de l'Ecureuil, puis retombe sans force. Profond silence, stupeur parmi les Bêtes.)
    UNE BÊTE (dans le grand silence) Il a pansé la plaie...
    UNE AUTRE BÊTE
    Il a pansé la plaie... Il a lié la patte... Etanché le sang.
    D’AUTRES BÊTES (entre elles) Il souffre... Il est blessé... Il saigne...
    Il a pansé la plaie... Il faut lier la main... Etancher le sang... Que faire? Il sait, lui, guérir le mal... Que faire? Nous l'avons blessé... Que faire?
    UNE BÊTE
    Il appelait, tout à l'heure...
    LES BÊTES
    Il appelait...
    UNE BÊTE
    Il crié un mot, un seul mot: Maman!
    LES BÊTES
    Maman...
    (Elles se sont rapprochées, elles entourent l’Enfant, gisant. Les Ecureuils se suspendent aux branches au-dessus de lui, les libellules l'éventent de leurs ailes.)
    UNE BÊTE
    Il se tait... Va-t-il mourir?
    LES BÊTES
    Nous ne savons pas lier la main... Etancher le sang...
    UNE BÊTE (désignant la maison) C'est là qu'est le secours! Ramenons-le au nid! Il faut que l'on entende, là-bas,
    le mot qu'il crié tout à l'heure... Essayons de crier le mot... (Les Bêtes, toutes ensemble, soulèvent l’Enfant inerte et pâle, et l'emportent, pas à pas, vers la maison.)
    LES BÊTES (hésitantes, en sourdine) Ma... man...
    (plus haut) Ma... man!
    (L'Enfant ouvre les yeux, essaie de se tenir debout. De la patte, de l'aile, de la tête, des reins, les bêtes le soutiennent encore.)
    LES BÊTES
    Maman!
    (Une lumière paraît aux vitres, dans la maison. En même temps, la lune, dévoilée, l'aube, rose et d'or, inondent le jardin d'une clarté pure. Chant de rossignol, murmures d’arbres et de bêtes. Les bêtes une à une, retirent à l’Enfant leur aide qui devient inutile, défont harmonieusement, à regret, leur groupe serré contre l’Enfant, mais elles l'escortent d'un peu plus loin, le fêtent de battements d'ailes, de culbutes de joie, puis, limitant à l'ombre des arbres leur bienveillant cortège, laissent l’Enfant seul. Droit, lumineux et blond, dans un halo de lune et d'aube, et tendant ses bras vers celle que les bêtes ont appelée: "Maman".)
    LES BÊTES
    Il est bon, l’Enfant, il est sage, bien sage... Il a pansé la plaie, étanché le sang... Il est sage, si sage, si doux. Il est bon, l’Enfant, il est sage, bien sage. Il est si doux.
    L'ENFANT (tendant les bras) Maman !


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  • Maurice Ravel, L'enfant et les sortilèges

     http://fr.wikipedia.org/wiki/L'Enfant_et_les_Sortil%C3%A8ges

    Argument

     Dans une vieille maison de campagne, au beau milieu de l'après-midi, un enfant de sept ans est assis, grognon, devant ses devoirs d'école. La mère entre dans la pièce et se fâche devant la paresse de son fils. Puni, il est saisi d'un accès de colère : il jette la tasse chinoise et la théière, martyrise l'écureuil dans sa cage, tire la queue du chat ; il attise la braise avec un tisonnier, renverse la bouilloire ; il déchire son livre, arrache le papier peint, démolit la vieille horloge. « Je suis libre, libre, méchant et libre !… » Épuisé, il se laisse tomber dans le vieux fauteuil… mais celui-ci recule. Commence alors le jeu fantastique. Tour à tour, les objets et les animaux s'animent, parlent et menacent l'enfant pétrifié. Dans la maison, puis dans le jardin, les créatures exposent une à une leurs doléances et leur volonté de vengeance. Alors que l'enfant appelle sa maman, toutes les créatures se jettent sur lui pour le punir. Mais avant de s'évanouir, il soigne un petit écureuil blessé dans le tumulte. Prises de regret, les créatures lui pardonnent et le ramènent à sa maman en l'appelant en chœur avec lui.

    Fantaisie Lyrique en deux parties Ballet

    version by Jiri Kylian and the Nederlands Dans Theater, Orchestra national de Paris - Lorin Maazel

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Vous pouvez consulter également le livret.


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  • Le Château de Barbe-Bleue (A kékszakállú herceg vára en hongrois), op. 11, Sz. 48, est l'unique opéra de Béla Bartók.

    Béla Bartók le composa sur un livret de Béla Balázs entre février et septembre 1911, sous l'influence du Pelléas et Mélisande de Claude Debussy. L'œuvre fut créée à l'Opéra de Budapest le 24 mai 1918.

    Introduit par un prologue parlé, Le Château de Barbe-Bleue est un opéra en un seul acte, dont le déroulement est scandé par l'ouverture successive des sept portes du château. Il ne met en scène que deux chanteurs, Barbe-Bleue (baryton-basse) et Judith (soprano ou mezzo-soprano), ainsi qu'un narrateur dans le rôle du barde qui ouvre l'opéra par un prologue.

    Sa durée approximative est d'une heure.

    Argument

    Ayant délaissé son fiancé et quitté ses parents, Judith arrive dans la demeure de son nouveau mari, le duc Barbe-Bleue, dont elle est la quatrième épouse. Elle lui demande l'accès à toutes les portes du château, pour, dit-elle, y faire entrer la lumière.

    Barbe-Bleue, d'abord réticent, cède au nom de l'amour, mais la septième porte fait l'objet d'un interdit particulier que Judith va transgresser au prix de sa déchéance, elle trouvera derrière celle-ci les femmes disparues de Barbe-Bleue encore en vie.

    source : Wikipedia, Article "Le Château de Barbe-Bleue"

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    télécharger livret Français sur Livret-partition
    télécharger la partition sur IMSLP

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    Birgit Nilsson est Judith dans Le Château de Barbe-bleue (introduction) de Béla Bartok

     

    Birgit Nilsson est Judith dans Le Château de Barbe-bleue (portes 1 et 2) de Béla Bartok


    Birgit Nilsson est Judith dans Le Château de Barbe-bleue (porte 3) de Béla Bartok


    Birgit Nilsson est Judith dans Le Château de Barbe-bleue (portes 4 et 5) de Béla Bartok

     

    Birgit Nilsson est Judith dans Le Château de Barbe-bleue (porte 6) de Béla Bartok

     

    Birgit Nilsson est Judith dans Le Château de Barbe-bleue (porte 7) de Béla Bartok


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  • Le Prince de bois, op. 13, Sz. 60 (en hongrois A fából faragott királyfi), est un ballet pantomime en un acte composé par Béla Bartók en 1914-1916 (orchestration 1916-1917) sur un argument de Béla Balázs. Il fut créé à l'Opéra de Budapest le 12 mai 1917 sous la direction d'Egisto Tango.

    Le Prince de bois eut suffisamment de succès pour inciter la direction de l'opéra à monter Le Château de Barbe-Bleue l'année suivante (cet opéra attendait d'être joué depuis 1911). Comme Le Château de Barbe-Bleue, Le Prince de bois requiert un orchestre de grande taille (il comprend même des saxophones), bien que le critique Paul Griffiths en juge le style plus précoce. La musique trahit l'influence de Debussy et Richard Strauss, ainsi que Wagner (l'introduction fait écho au prélude de L'Or du Rhin). Bartók s'appuya sur un scénario du poète Béla Balázs, qui avait paru dans le journal littéraire Nyugat en 1912.

    Instrumentation
    quatre flûtes, quatre hautbois, quatre clarinettes, quatre bassons, deux saxophones, quatre cors, six trompettes, trois trombones, un tuba, percussion, un célesta, deux harpes, cordes.

    Argument
    Un prince tombe amoureux d'un princesse, mais une fée l'empêche d'aller la rejoindre en faisant apparaître une forêt puis une rivière devant lui. Pour attirer l'attention de la princesse, le prince suspend son manteau sur une perche et y fixe une couronne et des boucles de ses cheveux. La princesse aperçoit ce "prince de bois" et vient danser avec lui. La fée éveille le prince de bois à la vie et la princesse part avec lui à la place du vrai prince, qui sombre dans le désespoir. La fée prend pitié de lui dans son sommeil, elle le vêt de belles parures et rend le prince de bois à son état inanimé. La princesse revient et finit par s'unir au prince humain.

    source : Wikipedia, Article "Le Prince de bois".


    Bela Bartok, Le Prince de Bois, I-II

     

    Bela Bartok, Le Prince de Bois, III

     

    Bela Bartok, Le Prince de Bois, IV

     

    Bela Bartok, Le Prince de Bois, V (1/2)

     

    Bela Bartok, Le Prince de Bois, V (2/2)

     

    Bela Bartok, Le Prince de Bois, VI-VIII

     


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