• Giasson, La compréhension en lecture (résumé)

    Giasson, La compréhension en lecture (résumé)Je retranscris ici les commentaires issus du sujet Plan ORSEC élèves non-lecteurs en 6ème ouvert sur le forum d'enseignants Neoprofs, commentaires concernant l'ouvrage de Jocelyne Giasson, La compréhension en lecture, Bruxelles, de Boeck, 2007, 255 pages.

     

    Ronin :

    L'ouvrage de Giasson m'a beaucoup servi quand j'ai commencé à avoir des ados mauvais lecteurs, souvent en raison d'un mauvais apprentissage et d'une grande inhibition. Il est le plus « pratique » pour un enseignant. Certaines idées ou propositions sont vraiment très basiques mais elle a le mérite de vraiment redécouper les différents processus qui permettent d'aller du simple décodage d'une syllabe jusqu'à la compréhension d'un texte complet. Elle explique comment travailler chaque étape. J'avais trouvé cet ouvrage vraiment simple et très utile.

     

    Véronique Marchais (co-auteur des manuels Terre des lettres 6e, 5e, 4e, 3e) :

    J'ai fini le Giasson.
    C'était vraiment très intéressant.
    Merci encore, Ronin.

    Je vais essayer de retranscrire ici l'essentiel de ce que j'en retiens.

    Je passe sur certaines parties, comme les différentes interactions dans la construction du sens d'un texte, c'est intéressant, mais pas immédiatement pratique en classe.

    En gros, pour comprendre, il faut :

    - déchiffrer correctement (condition nécessaire mais pas suffisante) ;
    - comprendre les phrases une par une ;
    - comprendre les liens explicites et implicites entre les phrases ;
    - comprendre la logique du texte.

    Pour chaque élève en difficulté de compréhension, il peut y avoir achoppement sur une ou plusieurs étapes différentes. La bonne nouvelle, c'est que chacune de ces étapes peut se travailler.

    On notera au passage qu'il est beaucoup plus difficile pour un élève de comprendre un texte qu'il lit pour la première fois à haute voix : la découverte d'un texte doit être soit silencieuse, soit passer par la lecture professorale.

    Pour toutes les remédiations envisagées, l'auteur recommande un enseignement explicite qui passe toujours par les 4 étapes suivantes :
    1. Expliquer le but, décrire la stratégie qui sera mise en oeuvre, expliquer son intérêt ;
    2. Donner un exemple où le professeur met lui-même en oeuvre cette stratégie, en en commentant les étapes ;
    3. Aider les élèves à mettre en oeuvre cette stratégie (par exemple par un jeu de QR) ;
    4. Le laisser se débrouiller en supprimant progressivement cette aide.


    Cela donne...

    I. Travail du décodage : cette partie n'est pas très développée chez Giasson, mais de toute façon, pour ce travail, je comptais m'appuyer sur Wettstein-Badour. Alors passons.

    II. Remédiation à la mauvaise segmentation prosodique, qui empêche l'élaboration du sens. Cela peut se faire par la lecture répétée (faire relire un texte) ou par la préparation d'un texte sur lequel on a marqué les pauses par des barres. Petit à petit, on supprime les barres. On travaille sur des textes de 50 à 300 mots.
    NB : Le but n'est pas d'améliorer la vitesse de lecture mais sa fluidité.

    III. Aider à saisir l'idée principale de la phrase. Par un jeu de QR, aider à sélectionner l'information essentielle (en gros, qui fait quoi) en laissant de côté les détails dans lesquels certains élèves se noient.

    IV. Aider à comprendre les liens entre les phrases.
    IV. 1. Comprendre la référence des pronoms. Travailler sur des couples de phrases ou des textes très courts. Aborder dans l'ordre : pronoms personnels, démonstratifs, autres, adverbes, synonymes, termes génériques, numéraux, mot sous-entendu, pronom reprenant toute une proposition.
    Remarque personnelle : je pense que c'est typiquement un travail à lier au travail conduit en grammaire d'une part et en écriture d'autre part. J'ai adopté intuitivement une progression relativement similaire dans mon travail de l'écriture.
    NB : Les pronoms cataphoriques sont plus difficiles à saisir que les anaphoriques. Évidemment, plus le nom repris est éloigné, plus le travail est difficile.

    IV. 2. Comprendre les liens logiques entre les phrases. De même, on travaille sur des couples de phrases ou des textes très courts. On interroge le rapport entre les phrases, en particulier les rapports de cause à effet.
    On travaille d'abord le repérage des liens explicites (on les reformule).
    Puis on passe aux inférences sur les liens implicites, avec de mini-problèmes portant, dans l'ordre, sur : le lieu (deviner où se passe la scène à partir d'indices. Ex : Il laissa tomber sa brosse à dents et se heurta au lavabo en voulant la ramasser), l'agent, le temps, l'action, l'instrument, l'objet, la cause, le sentiment.
    Si un élève répond complètement à côté de la plaque (Où se passe la scène ? La nuit), retravailler le sens des questions où, quand, pourquoi...

    V. Comprendre l'idée principale d'un texte (pour les textes informatifs)
    Travailler sur des textes courts à difficulté graduée. Distinguer sujet (de quoi ça parle) et idée principale (ce que ça dit sur le sujet). Exercices, avec d'abord des textes dont l'idée principale est explicite et au début, puis explicite mais à la fin, et enfin implicite. Procéder en reformulant paragraphe par paragraphe.
    Pratiquer le résumé :
    - éliminer info secondaire ou redondante ;
    - remplacer listes par termes génériques ;
    - sélectionner ou formuler l'idée principale.
    Ne faire ce travail que sur des textes lus et expliqués dans un premier temps, puis en invitant l'élève à relire plusieurs fois le texte et à procéder par paragraphes.

    VI. Comprendre la logique d'un texte narratif.
    Le schéma narratif est ici convoqué (non, collègues, ne fuyez pas, la suite vaut la peine d'être lue) non pour lui-même mais pour mettre en évidence ce qui pose souvent problème aux élèves : la logique des événements dans le texte.
    Poser sur le texte, étape par étape (sans nommer ces étapes d'un point de vue théorique) des questions du type :
    - Où et quand ont lieu les événements ?
    - Quel événement déclenche l'histoire ?
    - Comment réagit Machin ?
    - Quel est le résultat de cette action ?
    - Quel est le but de truc ?
    Etc.

    (Ce qu'on fait dans Terre Des Lettres, dans la partie "comprendre", quoi ! cheers  Ça aussi, chez moi, c'était assez intuitif, mais sans horizon théorique à l'appui.)

    L'auteur propose aussi un travail de résumé mettant en avant les liens logiques du récit. Je me permets de mettre en ligne le scan d'une toute petite page, parce que je trouve ce travail très bien conçu aussi bien pour aider à la compréhension, à l'intégration de la structure du récit (c'est le but) que pour apprendre à écrire.

     

    Giasson, La compréhension en lecture (résumé)

     

    On peut aussi faire pratiquer la prédiction (hypothèses de lecture), compléter une partie manquante dans un texte, faire raconter un texte en donnant un guide au début (De qui parle-t-on ? Où et quand se passe l'histoire ? Quel est le problème du personnage principal ? Que fait-il en premier ? Comment le problème est-il réglé ? Comment l'histoire se finit-elle ?).
    (Rappel : la guidance doit disparaître progressivement).
    NB : Pour les hypothèses de lecture, il est plus efficace d'apprendre à l'élève à vérifier lui-même pourquoi telle hypothèse est fausse (chercher ce qui la contredit) que de lui demander de justifier une hypothèse vraie.
    On peut conduire ce travail d'hypothèse sur les textes documentaires en se basant notamment sur les titres et sous-titres.

    Je passe sur le chapitre consacré aux processus méta-cognitifs et au vocabulaire, point sur lequel j'ai déjà énormément travaillé et n'ai pas appris grand chose grâce à ce livre. Mais pour tout le reste, ça valait la peine.

    Bref, pour aider à comprendre un texte, une fois résolus les problèmes de déchiffrage et de fluidité de la lecture, on peut procéder ainsi :
    1. Lire un passage bref et l'expliciter par de multiples questions : reformulation de l'idée essentielle, élucidation des pronoms et autres mots de reprise, explicitation des liens logiques, inférences nécessaires.
    2. Formuler des hypothèses de lecture pour la suite.
    3. Recommencer 1 et 2 en prenant progressivement de la hauteur : faire résumer en se concentrant sur l'essentiel et en éliminant les détails.
    4. Dégager le sens global du texte et sa logique à l'oral ou à l'écrit, par QR ou en complétant un texte.

     

    retraitée : Pour mémoire : quand j'étais à l'école primaire, le résumé d'un texte lu oralement se pratiquait, dès le CE2, si ma mémoire ne me trahit pas. Il y avait une épreuve de compte-rendu de lecture à l'examen d'entrée en 6e.

     

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    ♥ Apprendre à rédiger pour apprendre à lire

    ♦ La fracture de l'écrit

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  • Commentaires

    1
    Mamamanette
    Mercredi 1er Janvier 2014 à 17:03

    Cela rejoint exactement tout ce qu'on m'as appris en formation ROLL et qu'on y fait, je suis contente !!

    Merci Véronique pour ce résumé.

    2
    Vendredi 31 Octobre 2014 à 12:38

    Finalement, c'est un lien, je vais donc enregistrer l'article sous evernote ;).

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    3
    Dimanche 2 Novembre 2014 à 13:36

    Merci Spinoza pour cette citation. Ça c'est une note de lecture !

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