• Jacques et le haricot géant (conte anglais)

    Jacques et le haricot géant (conte anglais)

    Auteur : conte anglais.

    Niveau : Niveau 3 (CE2).

    Manuel : Giraudin, Vigo, L'Oiseau-Lyre CE2.

    Autres versions sur le blog : ici.

     

    Jacques et le haricot géant

     

    I Des haricots magiques

     

    1 Il était une fois une pauvre veuve qui avait un fils du nom de Jacques et une vache qu'elle appelait Blanchette. Elle ne pos­sédait pour tout bien que le lait de sa vache, et elle allait chaque jour le vendre au marché. Mais, un beau matin, Blanchette ne donna plus de lait et la pauvre veuve se demanda ce qu'elle allait devenir.

     

    2 « Qu'allons-nous faire? Qu'allons-nous faire ? gémissait-elle en se tordant les mains.

    — Ne pleure pas, mère, dit Jacques, je vais aller chercher du travail quelque part.

    — Nous avons déjà essayé et personne n'a voulu de toi, lui répondit sa mère. Il faut vendre Blanchette et ouvrir, avec l'argent, quelque petit commerce.

    — Eh bien, dit Jacques, c'est aujourd'hui jour de marché. J'aurai tôt fait de vendre Blanchette, et nous verrons ensuite quoi décider. »

     

    3 Il passa la bride à sa vache et s'en fut. Mais il n'était encore qu'à mi-chemin, quand il rencontra un vieillard très étrange qui lui dit : « Bonjour, Jacques.

    — Bonjour, répondit le garçon tout en se demandant comment ce vieillard savait son nom.

    — Où vas-tu de ce pas ?

    — Je vais au marché vendre notre vache.

     

    4 — Et tu as l'air assez intelligent pour la vendre à bon prix, fit le vieillard. Je me demande si tu sais combien il faut de haricots pour en faire cinq.

    — Deux dans chaque main et un dans la bouche, répliqua Jacques sans se démonter.

    — Tu as raison, dit l'autre. Et justement les voilà, reprit-il en sortant de sa poche une poignée de haricots très bizarres. Eh bien, tu es si intelligent que je n'hésiterais pas à conclure un marché avec toi : ta vache contre ces haricots.

     

    5 — Passez votre chemin, dit Jacques. Je ne serais pas si sot !

    — Ah, c'est que tu ne sais pas tout. Ce sont des haricots magiques. Si tu les sèmes ce soir, au matin ils auront poussé jusqu'au ciel.

    — Vraiment ? fit Jacques.

    — Oui, vraiment. Et s'il n'en était pas ainsi, je te rendrais ta vache.

    — Marché conclu », dit Jacques.

    Il passa au vieillard la bride de sa vache et prit les haricots.

     

    II Jacques atteint le ciel

     

    1 Comme Jacques n'avait pas fait beaucoup de chemin, le soir n'était pas encore tombé quand il rentra chez lui.

    « Déjà de retour ? s'écria sa mère. Je vois que tu ne ramènes pas Blanchette. C'est donc que tu l'as vendue. Combien t'en a-t-on donné ?

    — Tu ne devineras jamais.

    — L'as-tu vraiment vendue si cher ? Un écu, deux écus, trois écus ? Non, ce n'est pas possible que ce soit cinq écus ?

     

    2 — Je t'ai dit que tu ne devineras jamais. Que penses-tu de ces haricots ? Ils sont magiques. Il suffit de les semer le soir et...

    — Quoi ! s'écria la veuve. As-tu été assez bête, assez idiot, assez imbécile pour échanger ma Blanchette, la meilleure laitière de la paroisse, et la plus grasse avec ça, contre une poignée de haricots pourris ? Attrape ça ! Et ça ! Et ça ! Quant à tes haricots magiques, voilà ce que j'en fais ! Je les jette par la fenêtre ! Et maintenant, au lit. Tu n'auras rien à manger ce soir, pas même une miette de pain. »

     

    3 Jacques monta dans sa chambre, et je vous assure qu'il était bien triste, autant pour sa mère que pour son dîner manqué. Enfin, il s'endormit.

    Quand il se réveilla, il ne reconnut pas sa chambre. Le soleil n'en éclairait qu'une partie ; tout le reste était plongé dans l'ombre.

    Jacques se leva d'un bond, s'habilla et courut à la fenêtre. Et que croyez-vous qu'il vit ? Eh bien, les haricots que sa mère avait jetés la veille avaient poussé, poussé, si bien qu'ils montaient jusqu'au ciel. Le vieillard avait dit la vérité.

    Jacques et le haricot géant (conte anglais)

    4 La tige passait tout près de la fenêtre. Jacques n'eut qu'à ouvrir celle-ci et à sauter : cela faisait comme une échelle. Il monta, monta, monta, et il monta, monta, monta, de sorte qu'il finit par atteindre le ciel. Et, en y arrivant, il vit devant lui une large route droite comme une flèche.

    Alors il marcha et il marcha et il marcha, si bien qu'il finit par arriver devant une grande et haute maison. Sur le seuil, se tenait une grande et grosse femme.

     

    5 « Bonjour, madame, dit Jacques très poliment. Voulez-vous être assez aimable pour me donner à déjeuner? (Car, vous le savez, il n'avait rien eu à manger la veille au soir et il était affamé.)

    — Tu veux déjeuner? dit la femme. Eh bien, c'est toi qui serviras de déjeuner si tu ne t'en vas pas bien vite. Mon mari est un ogre et il n'aime rien autant qu'un petit garçon rôti pour s'aiguiser l'appétit. Tu ferais mieux de décamper, car il ne va pas tarder.

    — Oh, s'il vous plaît, madame, donnez-moi quelque chose à manger. Je n'ai rien eu à me mettre sous la dent depuis hier matin, dit Jacques. Autant périr rôti que mourir de faim. »

     

    III Dans la maison de l'ogre

     

    1 La femme de l'ogre était loin d'être aussi méchante qu'elle en avait l'air. Elle emmena Jacques dans la cuisine et lui donna un croûton de pain, un morceau de fromage et un bol de lait. Mais le jeune garçon avait à peine terminé son repas qu'un bruit de pas retentissants ébranla la maison tout entière.

    « Seigneur Dieu, c'est mon mari ! dit la femme de l'ogre. Que faire ? Vite, saute là-dedans ! » Elle empoigna Jacques et le fourra dans un coffre juste au moment où l'ogre entrait.

     

    2 Cet ogre était un géant. Il portait à sa ceinture trois cuissots suspendus par les talons. Il les détacha et les jeta sur la table en disant : « Tiens, femme, fais-m'en rôtir deux pour mon petit déjeuner. Ah, qu'est-ce donc que je sens?

    Fa-fi-fo-fif

    Je sens l'odeur d'un garçonnet. Qu'il soit mort ou qu'il soit vif, J'en ferai mon déjeuner.

     

    3 — Voyons, mon ami, tu rêves, lui dit sa femme. Ou peut-être sens-tu les restes de ce petit garçon que tu as eu hier pour ton dîner. Va vite faire ta toilette. À ton retour, ton déjeuner sera prêt. »

    L'ogre s'en fut et Jacques allait sauter de son coffre et se sauver, quand la femme lui chuchota : « Attends qu'il soit endormi. Il fait toujours une petite sieste après le déjeuner. »

    L'ogre prit donc son déjeuner. Ensuite, il s'assit sur un grand coffre, prit deux sacs d'or et se mit à compter ses pièces. Bientôt, il dodelina de la tête et, quelques instants plus tard, il ronflait à en faire trembler la maison.

     

    4 Jacques sortit de sa cachette sur la pointe des pieds. En passant devant l'ogre, il saisit l'un des sacs d'or, le prit sous son bras et s'enfuit à toutes jambes.

    Arrivé devant le haricot, il jeta le sac, qui tomba bien entendu dans le jardin de sa mère. Puis il descendit, descendit, jusque chez lui. Là, il montra l'or à sa mère en disant :

    « Eh bien, n'ai-je pas eu raison à propos de ces haricots ? Ils sont magnifiques, comme tu le vois. »  

     

    5 Ils vécurent longtemps sur le contenu du sac, mais celui-ci finit par se tarir. Jacques décida donc de tenter encore une fois sa chance en haut du haricot.

    Un beau matin, il se leva de bonne heure, s'installa à cali­fourchon sur la tige et il monta, monta, monta, et il monta, monta, monta. Il finit par déboucher de nouveau sur la route et courut jusqu'à la grande maison qu'il avait vue la fois précédente.

     

    IV La poule aux œufs d'or

     

    1 La grosse femme était là sur le pas de sa porte.

    « Bonjour madame, dit Jacques avec audace. Voulez-vous être assez aimable pour me donner à déjeuner?

    — Va-t'en, petit, répondit la femme, ou mon mari te mangera. Mais n'est-ce pas toi qui es venu ici déjà, il y a quelque temps? Sais-tu que ce jour-là, justement, mon mari a perdu l'un de ses sacs d'or ?

    — C'est étrange, madame, dit Jacques. Je suis sûr que je pourrais vous expliquer ce qui s'est passé. Mais j'ai si faim qu'il me serait impossible de parler avant d'avoir mangé un morceau. »

     

    2 Ces paroles excitèrent tellement la curiosité de l'ogresse qu'elle fit entrer Jacques et lui donna quelque chose à manger. Mais à peine avait-il commencé son repas, que les pas lourds du géant ébranlèrent la maison. Aussi s'empressa-t-elle de cacher Jacques dans le coffre.

    Tout se passa comme la fois précédente. L'ogre entra, dit « fa-fi-fo-fif », et mangea pour son déjeuner trois bœufs rôtis. Puis il cria : « Femme, apporte-moi la poule qui pond les œufs d'or. » Elle la lui apporta et il dit : « Ponds. » Aussitôt, la poule pondit un œuf tout en or. Quelques instants plus tard, l'ogre dodelina de la tête et ses ronflements ébranlèrent la maison.

     

    3 Jacques sortit de sa cachette sur la pointe des pieds. Il saisit la poule sous son bras et s'enfuit en moins de temps qu'il n'en faut pour dire «ouf». Mais, cette fois, la poule caqueta. L'ogre s'éveilla et Jacques, en sortant, l'entendit demander à sa femme :

    « Femme, qu'as-tu fait de ma poule ?

    — Pourquoi donc, cher époux? » répondit-elle.

     

    Ce fut tout ce que Jacques entendit, car il décampa et dévala la tige comme s'il avait le feu aux trousses. En arrivant chez lui, il montra à sa mère la poule magique et dit : « Ponds. » Aussitôt, la poule pondit un œuf tout en or.

     

    4 Mais Jacques n'était pas encore satisfait et, à quelque temps de là, il décida d'aller, encore une fois, tenter sa chance en haut du haricot.

    Un beau matin, il se leva de bonne heure, s'installa à califourchon sur la tige, et il monta, monta, monta de sorte qu'il déboucha de nouveau sur la route. Mais, cette fois, il ne fut pas assez sot pour aller tout droit jusqu'à la maison de l'ogre.

    Il alla se cacher derrière un buisson. Quelques instants plus tard, il vit l'ogresse sortir avec un seau pour aller chercher de l'eau. Alors, il se faufila à l'intérieur et se cacha dans la théière.

     

    5 Il n'y était pas depuis bien long­temps, lorsque des pas lourds ébranlèrent la maison. L'ogre entra avec sa femme.

    « Fa-fi-fo-fif, s'écria-t-il. Je sens l'odeur d'un garçonnet. Je la sens, femme, je la sens.

    — Vraiment, cher époux ? fit l'ogresse. Alors, si c'est ce petit brigand qui a volé notre or et notre poule magique, il est sûrement caché dans ce coffre. »

     

    V La harpe d'or

     

    1 L'ogre et sa femme se précipitèrent tous deux vers le coffre, mais Jacques, par bonheur, n'y était pas. L'ogresse dit : « Toi et ton fa-fi-fo-fif ! Je sais bien ce que tu sens : c'est le garçon que tu as attrapé hier soir et que je t'ai fait rôtir tout à l'heure pour ton déjeuner. Que je suis distraite, et que tu es sot de ne pas encore reconnaître la différence entre mort et vif, après tant d'années. »

     

    2 L'ogre prit place et mangea son déjeuner, mais de temps à autre il murmurait : « Par ma barbe, j'aurais pu jurer... » Il se levait, fouillait les placards, la huche, tout, sauf heureusement la théière.

    Son repas terminé, il cria : « Femme, femme, apporte-moi ma harpe d'or.» L'ogresse la lui apporta et la posa sur la table devant lui. «Chante!» dit-il. Et la harpe se mit à chanter délicieusement. Quelques instants plus tard, l'ogre dodelina de la tête et ses ronflements ébranlèrent la maison.

     

    3 Alors Jacques souleva très doucement le couvercle de la théière. Il en descendit sans faire plus de bruit qu'une souris, rampa sur la table, saisit sous son bras la harpe d'or et courut à la porte. Mais la harpe cria très fort: « Maître ! Maître ! » et l'ogre se réveilla juste à temps pour voir Jacques décamper avec elle.

    Jacques courut de toute la vitesse de ses jambes. Cependant l'ogre l'aurait bientôt rattrapé s'il n'avait eu un peu d'avance et s'il n'avait su où il allait.

    Quand il atteignit le haricot, le géant n'était pas à plus de vingt mètres derrière lui. Tout à coup, il ne vit plus Jacques. Mais, en arrivant au bout de la route, il l'aperçut qui descendait à la vitesse de l'éclair. Il n'osa pas prendre une échelle aussi fragile et il hésita un moment, si bien que Jacques prit encore un peu d'avance.

     

    4 Mais la harpe se remit à crier : « Maître ! Maître ! » et l'ogre s'élança sur le haricot, qui oscilla sous son poids. Jacques filait, filait, et l'ogre filait derrière lui. Mais le garçon était déjà près de toucher terre. « Mère, mère! cria-t-il. Apporte-moi une hache ! Une hache ! »

    Sa mère accourut, une hache à la main. Toutefois, en arrivant au pied de la tige, elle faillit mourir de peur et se figea sur place en voyant les jambes de l'ogre qui dépassaient des nuages.

     

    Jacques sauta à terre, saisit la hache et en donna un tel coup à la tige qu'il la fendit à moitié. L'ogre, sentant le haricot vaciller et trembler, s'arrêta pour voir ce qui se passait. Alors Jacques frappa de nouveau. Cette fois, la tige se coupa en deux et inclina vers le sol. L'ogre tomba, se cassa la tête, et le haricot s’affala sur lui.

    Jacques montra à sa mère la harpe d'or. Avec cette harpe, faisaient écouter aux gens, et la vente des œufs d'or, ils devinrent tous deux très riches. Jacques épousa une belle prin­cesse, et ils vécurent heureux jusqu'à la fin de leurs jours.

     

    (Histoire à la douzaine, textes choisis par B. et L. UNTERMEYER,

    traduction Elisabeth Gille, Les Deux Coqs d'or)

    Jacques et le haricot géant (conte anglais)

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