• L’Écureuil (Paul Fort)

    Auteur : Paul Fort (1872-1960).

    Oeuvre : Ballades françaises.

     

    L’Écureuil

    Écureuil du printemps, écureuil de l’été, qui domines la terre avec vivacité, que penses-tu là-haut de notre humanité ?
    — Les hommes sont des fous qui manquent de gaieté.

    Écureuil, queue touffue, doré trésor des bois, ornement de la vie et fleur de la nature, juché sur ton pin vert, dis-nous ce que tu vois ?
    — La terre qui poudroie sous des pas qui murmurent.

    Écureuil voltigeant, frère du pic bavard, cousin du rossignol, ami de la corneille, dis-nous ce que tu vois par-delà nos brouillards?
    — Des lances, des fusils menacer le soleil.

    Écureuil, cul à l’air, cursif et curieux, ébouriffant ton col et gloussant un fin rire, dis-nous ce que tu vois sous la rougeur des cieux ?
    — Des soldats, des drapeaux qui traversent l’empire.

    Écureuil aux yeux vifs, pétillants, noirs et beaux, humant la sève d’or, la pomme entre tes pattes, que vois-tu sur la plaine autour de nos hameaux ?
    — Monter le lac de sang des hommes qui se battent.

    Écureuil de l’automne, écureuil de l’hiver, qui lances vers l’azur, avec tant de gaieté ces pommes… que vois-tu ?
    — Demain tout comme Hier.
    Les hommes sont des fous et pour l’éternité.

    Paul Fort, Ballades françaises, Éd. Flammarion.



    N.B. : Paul Fort (1872-1960). De 1896 à 1958, restant fidèle à une seule forme poétique, il publie les dix-sept volumes des Ballades françaises. Pour Paul Fort, la « ballade », prise au sens musical ou originel de « chanson à danser », doit s’écrire en prose. Cette « prose » est en réalité faite de vers réguliers, rimés ou assonancés. L’intention est avant tout rythmique et musicale.

    Les points d'interrogation à la fin des subordonnées interrogatives indirectes sont incorrects, mais c'était ainsi que le texte avait été publié, apparemment.

    Merci à retraitée.

     

     

    Auteur : Paul Fort (1872-1960).

    Oeuvre : Ballades françaises.

    Genre : théâtre.

    Niveaux : 4 (CM1) ou 5 (CM2).

    Source : Jean Barbé et Edgar Monteil, Dialogues à lire et à jouer, Cycle moyen, Nathan, 1981.

    Retour au sommaire.

     

    D'autres poèmes de Paul Fort sur le blog :

    Complainte du petit cheval blanc

    Le p'tit lapin

    Le vent a fait le tour du monde

     

    D'autres poèmes de Paul Fort sur le site http://www.ecole-paulfort.com/poetePF4.php

    « Il était une feuille... (Robert Desnos) Minet boit son lait ( Edmond Rostand) »

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :