Jadis le seigneur Ratapon,
Trouvant une lunette, en voulut faire usage.
Pour mieux découvrir l'horizon,
Le nouvel astronome au haut d'une maison
Ajusta l'instrument ; et la première image
Qui s'offrit à ses yeux, ce fut celle d'un chat. Il le crut à deux pas.
Aussitôt notre rat
Fuit dans un trou du voisinage.
Y rester était le plus sûr :
Mais s'ennuyant dans son réduit obscur,
Il mit la tête à la fenêtre.
Ne voyant aucun chat paraître,
Il s'enhardit, fait quelques pas.
«Voyons encor, dit-il, si le fléau des rats
Est en embuscade et nous guette. »
Alors ayant pris la lunette
Par l'autre bout imprudemment,
Il voit, mais en éloignement, Son ennemi.
Le rat se crut en assurance. « Voyez-vous, disait-il, cette humble contenance ?
Ah que je plains les rats sans connaissance,
Qui n'ont pas observé comme moi l'imposteur ! »
Le matou, cependant, plus proche qu'il ne pense,
Happe notre spéculateur.
À qui sait s'en servir telle chose est utile,
Qui souvent nuit au malhabile.