• Moitié-de-Poulet (R. Lancelyn Green)

    Moitié-de-Poulet (R. Lancelyn Green)

    Vous connaissez peut-être l'histoire d'une Moitié-de-Poulet qui était toujours prête à rendre service et qui en fut bien récompensée puisqu'elle devint reine. Mais toutes les Moitié­-de-Poulet ne sont pas aussi serviables...

     

         Il était une fois une magnifique poule espagnole qui avait couvé une famille nombreuse de beaux poussins, tous superbes sauf un, qui n'était qu'une moitié de poulet, car il n'avait qu'un œil, qu'une aile, qu'une patte, la moitié d'une tête et la moitié d'un bec.

    « Mon Dieu ! caquetait la mère poule, mon plus jeune n'est qu'une moitié de poulet, il n'arrivera jamais à rien. »

     

     

    Auteur : R. Lancelyn Green.

    Niveau : Niveau 3 (CE2).

    Manuel : Giraudin, Vigo, L'Oiseau-Lyre CE2.

     

     

    Moitié-de-Poulet

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    I En route pour voir le roi

    Vous connaissez peut-être l'histoire d'une Moitié-de-Poulet qui était toujours prête à rendre service et qui en fut bien récompensée puisqu'elle devint reine. Mais toutes les Moitié­-de-Poulet ne sont pas aussi serviables...

     

    1 Il était une fois une magnifique poule espagnole qui avait couvé une famille nombreuse de beaux poussins, tous superbes sauf un, qui n'était qu'une moitié de poulet, car il n'avait qu'un œil, qu'une aile, qu'une patte, la moitié d'une tête et la moitié d'un bec.

    « Mon Dieu ! caquetait la mère poule, mon plus jeune n'est qu'une moitié de poulet, il n'arrivera jamais à rien. »

     

    2 Malgré son aspect bizarre, Moitié-de-Poulet n'était pas sans ressources, et il sautillait, de-ci de-là, sur sa patte avec beaucoup plus d'audace que ses frères et sœurs. Il était bien plus polisson aussi, et très mécontent de son sort; aussi sa mère ne fut-elle pas vraiment désolée lorsqu'il vint à elle un jour et dit :

    « Dites donc, je suis fatigué de cette vieille cour de ferme. Je pars pour Madrid voir le Roi.

    3 — Tu n'es qu'un poussin stupide, gloussa la mère poule. Même un coq adulte réfléchirait deux fois avant d'entrepren­dre ce voyage.

    — Je m'en vais quand même, dit Moitié-de-Poulet en se rengorgeant. Pourquoi continuer à partager cette cage étroite avec vous et les autres ? Quand j'arriverai à Madrid, le Roi me donnera un poulailler à moi. Alors, j'inviterai peut-être quelques-uns d'entre vous à me rendre une courte visite.

    — Fais donc comme tu l'entends, dit la mère poule. Mais tâche au moins d'être aimable et poli envers tous ceux que tu rencontreras. Qui sait, c'est peut-être comme cela que tu feras fortune, pauvre petite moitié de Poulet que tu es.

    — On verra bien ! » s'écria Moitié-de-Poulet, et il partit en sautillant à toute allure.

     

    II Moitié-de-Poulet n'est pas serviable

    1 Plus tard, ce jour-là, Moitié-de-Poulet arriva près d'un torrent envahi par les herbes hautes.

    - S'il te plaît, viens m'aider, Moitié-de-Poulet, supplia le torrent. S'il te plaît, viens enlever quelques-unes de ces herbes, pour que je puisse couler comme il faut.

    - T'aider ? Et quoi encore ? caqueta Moitié-de-Poulet, irrité. Crois-tu que je n'aie rien d'autre à faire que de perdre mon temps à aider les gens? Je vais à Madrid, voir le Roi. »

    Et il passa son chemin.

     

    2 Puis il arriva auprès d'un feu que les bohémiens avaient allumé mais qui ne brûlait plus que très bas et allait bientôt s'éteindre.

    - S'il te plaît, viens m'aider, suppliait le feu. S'il te plaît, apporte-moi quelques branches ou bien je vais mourir dans peu de minutes.

    - T'aider ? Et quoi encore ? caqueta Moitié-de-Poulet, irrité. Crois-tu que je n'aie rien d'autre à faire que de perdre mon temps à aider les gens? Je vais à Madrid, voir le Roi. »

    Et il passa son chemin.

     

    3 Le matin suivant, il vit un grand châtaignier, dans les branches duquel le vent s'était pris et enchevêtré.

    - S'il te plaît, viens m'aider, Moitié-de-Poulet, suppliait le vent. S'il te plaît, viens et délivre-moi des branches de cet arbre où je suis empêtré.

    - T'aider ? Et quoi encore ? s'écria Moitié-de-Poulet irrité. Crois-tu que je n'aie rien d'autre à faire que de perdre mon temps à aider les gens ? Je vais à Madrid, voir le Roi. »

     

    4 Il passa son chemin, et, de bonne heure ce soir-là, arriva à Madrid où il marcha directement vers le palais.

    Je vais attendre dehors dans la cour, se dit Moitié-de-Poulet. Le Roi va sûrement sortir bientôt pour m'accueillir. »

     

     

    III Moitié-de-Poulet puni

     

    1 Mais comme Moitié-de-Poulet sautait, de-ci de-là, le marmiton du roi regarda par la fenêtre de la cuisine et le vit :

    « Justement ce qu'il me fallait ! s'exclama-t-il. Le Roi vient de commander du bouillon de poulet pour le dîner, et il n'y a pas un volatile au palais ! »

    Aussi, il sortit, attrapa Moitié-de-Poulet, et le fit sauter dans la marmite d'eau suspendue au-dessus du feu.

     

    2 « Toi, l'eau, toi, l'eau! cria Moitié-de-Poulet, désespéré, je t'en prie, aie pitié de moi et ne me mouille pas ainsi.

    — Ah ! Moitié-de-Poulet, répondit l'eau, tu n'as pas voulu m'aider quand j'étais emmêlée dans les herbes du torrent, aussi maintenant tu dois être puni. »

     

    3 Bientôt, il commença de faire très chaud dans la marmite, et Moitié-de-Poulet cria :

    « Toi, le feu, toi, le feu, ne me chauffe pas tant, s'il te plaît, tu n'as pas idée de la souffrance que j'endure !

    — Ah ! Moitié-de-Poulet, répondit le feu, tu n'as pas voulu m'aider quand j'étais en train de mourir dans le bois, aussi main­tenant tu dois être puni.»

     

    4 Juste à ce moment, le cuisinier du roi souleva le couvercle de la marmite, et quand il vit Moitié-de-Poulet baignant dedans, il s'exclama :

    « Sacrebleu, ce n'est qu'un demi-poulet ! Cela ne peut suffire au bouillon du Roi ! »

    Aussi, il sortit Moitié-de-Poulet et le jeta par la fenêtre. Mais le vent l'attrapa et le fit tournoyer, de plus en plus haut par-dessus les toits.

    « Toi, le vent, toi, le vent ! cria Moitié-de-Poulet, je t'en prie, ne me secoue pas ainsi, tu vas me faire tomber.

     

    5 — Ah ! Moitié-de-Poulet, répondit le vent, tu n'as pas voulu m'aider quand j'étais enchevêtré dans le châtaignier, aussi, main­tenant tu dois être puni. »

    Et il l'entraîna d'un grand élan jusqu'en haut du plus haut clocher et le planta là. Et Moitié-de-Poulet y est resté jusqu'à ce jour, perché sur une patte, avec son aile unique, son unique œil, sa moitié de bec. Et vous pouvez l'y voir encore : c'est la plus haute girouette de tout Madrid.

     

    (Contes d'ici et d'ailleurs, texte de R. LANCELYN GREEN (adapté), Les Deux Coqs d'or)

     

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