• Les deux amies - Jean Macé (Contes du Petit Château)

    Auteur : Jean Macé

    Recueil : Contes du petit château (1862).

    Niveau : 4.

    Genre : Conte.

    Document proposé par Littérature au primaire.

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    Les deux amies - Jean Macé (Contes du Petit Château)

    LES DEUX AMIES 

    (Jean Macé, Contes du Petit-Château)

     

     Il était une fois deux petites filles, une brune et une blonde, qui avaient été élevées ensemble et qui s’aimaient beaucoup, mais pas de la même manière. La première était tout feu et flamme, pleine de fougue dans son affection, et, quand elle embrassait son amie, elle l’étouffait presque. Impérieuse du reste, et ne souffrant aucune contradiction, à la moindre résistance elle entrait en fureur : c’était alors un torrent qui emportait tout. L’autre, qui était douce comme un agneau, la laissait faire dans ses caresses et dans ses fureurs, et ne se lassait jamais de lui céder, car elle l’aimait tant qu’elle ne pouvait pas vivre sans elle.

    Un jour pourtant que son impétueuse amie s’était mise en colère contre une petite fille du voisinage qui ne s’était pas dérangée assez vite pour la laisser passer, et qu’elle menaçait de la battre, la blondine prit la défense de l’opprimée, qui était faible et timide, et qui avait déjà commencé à pleurer. Sur-le-champ elle reçut l’ordre de ne plus jamais parler à cette petite malheureuse, et, comme cela lui paraissait une chose injuste et méchante, elle déclara qu’elle n’obéirait pas.

    Il n’en fallut pas plus pour amener une rupture. Après une scène terrible, où il y eut des cris d’une part et des pleurs de l’autre, l’irascible brunette jura solennellement que c’était fini, et que de sa vie elle ne verrait plus la rebelle. Puis elle courut indignée auprès de sa mère, à laquelle elle se plaignit amèrement de son ingrate amie, et voulut à toute force qu’on la menât le soir au spectacle pour lui faire passer son chagrin. Partout où elle allait, c’étaient sans cesse de nouvelles plaintes, et des explosions de désolation si grandes, qu’on ne savait quels amusements inventer pour la distraire, de sorte qu’à l’occasion de toute cette douleur elle courut de fête en fête pendant zen longtemps.

     

    Les deux amies - Jean Macé (Contes du Petit Château)


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    La pauvre abandonnée était rentrée chez elle sans rien dire, et se tenait tranquillement à ses occupations ordinaires, ne laissant rien paraître de son chagrin, souriant quand il le fallait et ne parlant jamais de l’amie perdue. Mais elle devenait plus pâle chaque jour ; elle n’avait plus d’appétit; ses forces s’en allaient; et à la fin il fallut appeler le médecin qui lui trouva une belle maladie et la fit mettre au lit. Là, tout entière à sa douleur, elle se consuma bien plus vite encore. Bientôt sa faiblesse devint si grande qu’on désespéra de ses jours, et, comme elle n’avait presque plus la force de parler, elle prononça enfin le nom de son amie, demandant qu’on allât la chercher. Ses parents y coururent tout en larmes, et trouvèrent la petite brune au milieu d’un bal d’enfants qu’on avait organisé tout exprès pour la consoler.

    Elle ne voulait pas d’abord y aller.

    — Je suis trop sensible, disait-elle. Malgré tout le mal qu’elle m’a fait, je l’ai tant aimée que je ne pourrai pas supporter de la voir malade dans son lit. Dites-lui que je lui pardonne, et que j’irai quand elle sera guérie.

    Mais comme on insistait, elle n’osa pas refuser, et partit dans son costume de bal.

    A la vue de cette pauvre petite figure tirée et amaigrie, blanche comme la cire, et presque transparente, son cœur se brisa d’un coup et elle fondit en larmes. Se jetant sur le lit, elle serra convulsivement la malade dans ses bras. Elle lui faisait mal ; mais la petite mourante ne semblait pas s’en apercevoir. Son visage s’était illuminé, et des teintes roses venaient de reparaître à ses joues.

    — Mais, mon Dieu ! chérie, qu’as-tu donc ? criait la brune en sanglotant.

    — Je crois, répondit fout doucement la blonde, je crois que j’ai eu un peu de chagrin à cause de toi. Mais te voilà ! Je suis trop contente !

    Et ranimée par la voix de son amie, à elle se mit revivre.

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