Puis, comme il nous était loisible de veiller, la fête se prolongeait en veillée calme, au chuchotement des journaux froissés, des pages tournées, du feu sur lequel nous jetions quelque élagage vert et une poignée de gros sel qui crépitait et flambait vert sur la braise.
Quoi, rien de plus ? Non rien. Aucun de nous ne souhaitait davantage, ne se plaignait
d’avoir trop peu. Le sifflant hiver assiégeait les persiennes. La grosse bouilloire de cuivre, assise dans les cendres, et les cruchons de terre qu’elle allait remplir, nous promettaient des lits chauds dans les chambres froides.
Maman, je ne veux pas me coucher ! Je veux veiller toute la nuit, toutes les nuits !
– A ton gré, Minet-Chéri… Voilà le jour. Tu vois, la neige devient bleue entre les lames des persiennes.
-Tu n’entends pas que les poules chantent ?
Je croyais veiller encore. C’est que, surprise par l’heure tardive, je dormais déjà, la tête sur mes bras pliés, mes tresses au long de mes joues comme deux couleuvres gardiennes .
Télécharger « Mes Noëls d'enfant Colette.docx »
Retrouver l'article sur le blog Grandir près du châtaignier
Colette