2 Le lendemain nous reçûmes la visite de thons, de bonites et de dorades. Un grand poisson volant étant tombé à bord avec un bruit mat, nous l’employâmes comme appât et prîmes aussitôt deux grosses dorades pesant dix à quinze kilos pièce. Nous avions à manger pour plusieurs jours. Pendant nos quarts nous pouvions voir des quantités de poissons que nous ne connaissions même pas et un jour nous nous trouvâmes au milieu d’un important banc de marsouins, qui ne semblait jamais prendre fin. Les dos noirs roulaient, se tassaient les uns près des autres le long du radeau et, si loin que nous puissions voir de la tête du mât, ils sugissaient çà et là sur toute l’étendue de la mer.
3 Plus nous approchions de l’équateur, en nous éloignant de la côte, plus les poissons volants devenaient fréquents. Arrivés enfin dans les eaux bleues où la mer, calme et ensoleillée, se déroulait majestueusement, à peine frisée par de légères bouffées de vent, nous les vîmes briller comme une pluie de fusées qui jaillissaient de l’eau et volaient en ligne droite jusqu’au moment où, leur puissance de vol épuisée, ils disparaissaient sous la surface des flots.
4 Si la nuit nous sortions la petite lampe à pétrole, des poissons volants de toutes tailles, attirés par la lumière, se précipitaient au-dessus du radeau. Ils se heurtaient souvent contre la cabine de bambou ou la voile et tombaient sur le pont, tout perdus. Ne pouvant prendre l’élan qu’en nageant, ils gigotaient impuissants…
Un riche fonds de mets délicieux nous arrivaient ainsi par la voie des airs. Le poisson remplaçait le poulet rôti. Nous les faisions frire pour le petit déjeuner.
Thor Heyerdahl
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