-
Patachou (Tristan Derême)
L'autre soir, Patachou m'a demandé une étoile. Je lui ai dit que, peut-être, avec un filet à papillons, qui aurait un très long manche... Enfin, je lui ai promis que j'attraperais une étoile et que je la poserais sur le coin de son oreiller. Dix minutes après, il dormait doucement. Mais au réveil :
« L'étoile ! criait-il. Où est l'étoile?
— Ne vois-tu pas qu'il fait jour ? Elle est repartie. Il fallait t'éveiller plus tôt. Elle était là, près de ta joue. Tu aurais pu la prendre dans ta main. »
♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦
Auteur : Tristan Derême.
Niveau : Niveau 3 (CE2).
Manuel : Giraudin, Vigo, L'Oiseau-Lyre CE2.
Télécharger « 21 TRISTAN DEREME - Patachou.doc »
Télécharger « 21 TRISTAN DEREME - Patachou.pdf »
Patachou
I L'étoile de Patachou
Patachou, un petit garçon de six ans vit avec son oncle et sa tante tantôt à la campagne, tantôt à Paris.
C'est son oncle qui nous raconte ses aventures.
1 L'autre soir, Patachou m'a demandé une étoile. Je lui ai dit que, peut-être, avec un filet à papillons, qui aurait un très long manche... Enfin, je lui ai promis que j'attraperais une étoile et que je la poserais sur le coin de son oreiller. Dix minutes après, il dormait doucement. Mais au réveil :
« L'étoile ! criait-il. Où est l'étoile?
— Ne vois-tu pas qu'il fait jour ? Elle est repartie. Il fallait t'éveiller plus tôt. Elle était là, près de ta joue. Tu aurais pu la prendre dans ta main. »
2 Il m'a répondu : « La prochaine fois, tu la mettras dans une petite boîte. Elle ne pourra plus s'en aller. »
J'ai encore fait ce qu'il voulait. Nous avons une petite boîte.
« Ne l'ouvre pas, lui dis-je. L'étoile s'échapperait. »
Il tourne la boîte et la retourne : « Elle ne pèse pas beaucoup, ton étoile ! »
Mais il est très fier de son trésor. Il a dit, en confidence, à la vieille cuisinière:
« Gardez-la bien ! »
Et il ajoute :
3 « Si j'ouvrais cette boîte, la nuit, ma chambre serait tout éclairée. Mais il ne faut pas qu'on le sache. Si le bon Dieu s'apercevait qu'il lui manque une étoile, ce serait un beau tapage ! Il plumerait deux ou trois anges et vous penseriez qu'il neige.
— Nous l'emporterons en vacances, m'a-t-il dit.
— Tu veux la mettre aux bagages ?
— Oh ! non. Je la garderai près de moi, dans le wagon. Si le contrôleur savait que j'emporte une étoile... Peut-être qu'on pourrait un peu ouvrir la boîte dans les tunnels ?...
4 Maintenant son étoile l'inquiète. Si ce n'était pas une vraie étoile...
Il a ouvert la boîte. Pas d'étoile ! Il pleure.
« Mais si ! lui dis-je; je l'ai à peine vue, mais je l'ai vue. Elle a filé dès que tu as soulevé le couvercle. Tiens ! regarde au-dessus du marronnier : elle monte.»
Il écarquille ses yeux pleins d'espoir et de larmes.
« Tu ne peux plus la voir, lui dis-je. Elle est trop loin. Regarde le ciel : elles y sont toutes et nous n'en apercevons aucune. Ah ! s'il faisait nuit !... Je t'en attraperai une autre.
— Je veux la même. »
II Patachou et la rime
1 Patachou a découvert la rime...
Comme je lui lisais La Cigale et la Fourmi, il a remarqué des sons qui revenaient et que si la fourmi n'était pas prêteuse, la cigale était emprunteuse. Il répète : Teuse, teuse... Il me regarde. Il est fort étonné ; puis :
« C'est comme dans les chansons... »
2 Il avait entendu bien des chansons que l'on fredonnait naguère encore pour l'endormir :
C'est la poule noire
Qui est dans l'armoire
et la poule verte, qui courait dans l'herbe, et la poule blanche, qui est dans la grange, et toutes les autres poules, qui sont de toutes les couleurs et que l'on rencontre dans les endroits les plus étonnants — poule violette... dans la boîte aux lettres. Mais Patachou était bercé par la musique ou la musiquette et n'avait pas vu que, de temps en temps, certains mots se saluaient entre eux en enlevant le même chapeau.
3 « Il en a de la chance, ce Monsieur La Fontaine ! me dit-il. Suppose qu'on n'entende les cigales qu'en hiver; il aurait dû dire :
La Cigale ayant chanté
Tout l’hiver,
Cela n'aurait pas du tout marché.
4 — Que fais-tu Patachou? »
Il est au fond du jardin. Il est tourné vers la maison et, de temps en temps, il pousse un petit cri. Il écoute ; puis il rit.
« Je fais le poète ! me répond-il. Cela n'est pas bien difficile. Dès que j'ai dit un mot, on me donne la rime. Mais il faut crier assez fort.
— C'est l'écho, c'est la poésie... »
5 Nous sommes sortis, et voici que, dans la rue, il tombe en arrêt devant une boutique.
« C'est la maison d'un poète ! Des vers ! s'écrie-t-il.
— Peste ! Toute une strophe !... »
Et Patachou lit :
Pâtisserie
Confiserie
Vins
Fins
(TRISTAN DERÊME, Patachou petit garçon, Émile Paul éditeur)
-
Commentaires