• Complainte amoureuse (Alphonse Allais)

    Oui, dès l'instant où je vous vis,
    Beauté féroce, vous me plûtes ;
    De l'amour qu'en vos yeux je pris,
    Sur-le-champ, vous vous aperçûtes.
    Mais de quel air froid vous reçûtes
    Tous les soins que pour vous je pris !
    Combien de soupirs je rendis ?
    De quelle cruauté vous fûtes ?
    Et quel profond dédain vous eûtes
    Pour les voeux que je vous offris !
    En vain, je priai, je gémis,
    Dans votre dureté vous sûtes
    Mépriser tout ce que je fis ;
    Même un jour je vous écrivis
    Un billet tendre que vous lûtes,
    Et je ne sais comment vous pûtes,
    De sang-froid, voir ce que je mis.
    Ah! fallait-il que je vous visse,
    Fallait-il que vous me plussiez,
    Qu'ingénument je vous le disse,
    Qu'avec orgueil vous vous tussiez ;
    Fallait-il que je vous aimasse,
    Que vous me désespérassiez
    Et qu'en vain je m'opiniâtrasse
    Et que je vous idolâtrasse
    Pour que vous m'assassinassiez !

    « Les animaux ont des ennuis (Jacques Prévert)Les Trois Petits Cochons (Walt Disney, 1933) »

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :