• Auteur : Jacques Prévert.

    Genre : poésie 

    ----------------------------------------------------------------------------------------

     

    Le pauvre crocodile n’a pas de C cédille
    On a mouillé les L de la pauvre grenouille
    Le poisson scie a des soucis
    Le poisson sole, ça le désole
    Mais tous les oiseaux ont des ailes
    Même le vieil oiseau bleu
    Même la grenouille verte
    Elle a deux L avant l’E
    Laissez les oiseaux à leur mère
    Laissez les ruisseaux dans leur lit
    Laissez les étoiles de mer
    Sortir si ça leur plaît la nuit
    Laissez les p’tits enfants briser leur tirelire
    Laissez passer le café si ça lui fait plaisir
    La vieille armoire normande et la vache bretonne
    Sont parties dans la lande en riant comme deux folles
    Les petits veaux abandonnés pleurent
    Comme des veaux abandonnés
    Car les petits veaux n’ont pas d’ailes
    Comme le vieil oiseau bleu
    Ils ne possèdent à eux deux
    Que quelques pattes et deux queues
    Laissez les oiseaux à leur mère
    Laissez les ruisseaux dans leur lit
    Laissez les étoiles de mer
    Sortir si ça leur plaît la nuit
    Laissez les éléphants ne pas apprendre à lire
    Laissez les hirondelles aller et revenir


    votre commentaire
  • Oh ! les après-midi solitaires d'automne !
    II neige à tout jamais. On tousse. On n'a personne.
    Un piano voisin joue un air monotone ;
    Et, songeant au passé béni, triste, on tisonne.
    Comme la vie est triste ! Et triste aussi mon sort.
    Seul, sans amour, sans gloire ! et la peur de la mort !
    Et la peur de la vie, aussi ! Suis-je assez fort ?
    Je voudrais être enfant, avoir ma mère encor.
    Oui, celle dont on est le pauvre aimé, l'idole,
    Celle qui, toujours prête, ici-bas nous console !...
    Maman ! Maman ! oh ! comme à présent, loin de tous,
    Je mettrais follement mon front dans ses genoux,
    Et je resterais là, sans dire une parole,
    À pleurer jusqu'au soir, tant ce serait trop doux.

     

    --------------------------------------------------------------

     

    Voir d'autres poèmes.

     

    Ce poème fait partie de la liste de poèmes pour les parents (fête des mères, fête des pères).

     


    votre commentaire
  • Les joues de la fruitière

    sont en peau d'abricot

    La grande charcutière

    est ronde comme un jambonneau

    La petite marchande de fleurs

    fine comme un pois de senteur

    Le boulanger

    qui n'est pas gros

    est un Pierrot enfariné

    mais sa femme la boulangère

    qui n'est pas légère légère

    sent bon le sucre et le pain chaud

    Armand Monjo, La Nouvelle guirlande de Julie


    1 commentaire
  •  Les Djinns (Victor Hugo)

    XXVIII

    LES DJINNS.

     

    E corne i gru van cantando lor lai
    Facendo in aer di se lunga riga,
    Cosi vid’ io venir traendo guai
    Ombre portate dalla detta briga.
    Dante.

     

    Et comme les grues qui font dans l’air de longues files vont chantant leur plainte, ainsi je vis venir traînant des gémissements les ombres emportées par cette tempête.

     

    Murs, ville,
    Et port.
    Asile
    De mort,
    Mer grise
    Où brise
    La brise,
    Tout dort.

     

    Dans la plaine
    Naît un bruit.
    C’est l’haleine
    De la nuit.
    Elle brame
    Comme une âme
    Qu’une flamme
    Toujours suit !

     

    La voix plus haute
    Semble un grelot.
    D’un nain qui saute
    C’est le galop.
    Il fuit, s’élance,
    Puis en cadence
    Sur un pied danse
    Au bout d’un flot.

     

    La rumeur approche.
    L’écho la redit.
    C’est comme la cloche
    D’un couvent maudit ;
    Comme un bruit de foule,
    Qui tonne et qui roule,
    Et tantôt s’écroule,
    Et tantôt grandit.

     

    Dieu ! la voix sépulcrale
    Des Djinns !... Quel bruit ils font !
    Fuyons sous la spirale
    De l’escalier profond.
    Déjà s’éteint ma lampe,
    Et l’ombre de la rampe,
    Qui le long du mur rampe,
    Monte jusqu’au plafond.

     

    C’est l’essaim des Djinns qui passe.
    Et tourbillonne en sifflant !
    Les ifs, que leur vol fracasse,
    Craquent comme un pin brûlant.
    Leur troupeau, lourd et rapide,
    Volant dans l’espace vide,
    Semble un nuage livide
    Qui porte un éclair au flanc.

     

    Ils sont tout près ! — Tenons fermée
    Cette salle, où nous les narguons.
    Quel bruit dehors ! Hideuse armée
    De vampires et de dragons !
    La poutre du toit descellée
    Ploie ainsi qu’une herbe mouillée,
    Et la vieille porte rouillée
    Tremble, à déraciner ses gonds !

     

    Cris de l’enfer ! voix qui hurle et qui pleure !
    L’horrible essaim, poussé par l’aquilon,
    Sans doute, ô ciel ! s’abat sur ma demeure.
    Le mur fléchit sous le noir bataillon.
    La maison crie et chancelle penchée,
    Et l’on dirait que, du sol arrachée,
    Ainsi qu’il chasse une feuille séchée,
    Le vent la roule avec leur tourbillon !

     

    Prophète ! si ta main me sauve
    De ces impurs démons des soirs,
    J’irai prosterner mon front chauve
    Devant tes sacrés encensoirs !
    Fais que sur ces portes fidèles
    Meure leur souffle d’étincelles,
    Et qu’en vain l’ongle de leurs ailes
    Grince et crie à ces vitraux noirs !

     

    Ils sont passés ! — Leur cohorte
    S’envole, et fuit, et leurs pieds
    Cessent de battre ma porte
    De leurs coups multipliés.
    L’air est plein d’un bruit de chaînes,
    Et dans les forêts prochaines
    Frissonnent tous les grands chênes,
    Sous leur vol de feu pliés !

     

    De leurs ailes lointaines
    Le battement décroît,
    Si confus dans les plaines,
    Si faible, que l’on croit
    Ouïr la sauterelle
    Crier d’une voix grêle,
    Ou pétiller la grêle
    Sur le plomb d’un vieux toit.

     

    D’étranges syllabes
    Nous viennent encor ;
    Ainsi, des arabes
    Quand sonne le cor,
    Un chant sur la grève
    Par instants s’élève,
    Et l’enfant qui rêve
    Fait des rêves d’or.

     

    Les Djinns funèbres,
    Fils du trépas,
    Dans les ténèbres
    Pressent leurs pas ;
    Leur essaim gronde :
    Ainsi, profonde,
    Murmure une onde
    Qu’on ne voit pas.

     

    Ce bruit vague
    Qui s’endort,
    C’est la vague
    Sur le bord ;
    C’est la plainte,
    Presque éteinte,
    D’une sainte
    Pour un mort.

     

    On doute
    La nuit . . .
    J’écoute : —
    Tout fuit,
    Tout passe ;
    L’espace
    Efface
    Le bruit.

     

    Orientales, 1829.

     

    D'autres poèmes de Victor Hugo sur le blog, voir ici.

    Niveau du texte : à partir du niveau 6 (6ème).

    Contributeur : Doctor Who sur Neoprofs : ici.

    Source du texte : Wikisource.

    Source de l'image et audiolivre : http://audiolivres.canalblog.com/archives/2011/07/05/21549843.html
     


    votre commentaire
  • Les écureuils (poème de Pierre Gamarra)

    source de la photo

     

    Chez les écureuils,

    dès qu'on ouvre

    un œil,

    Lire la suite...


    votre commentaire
  • Les feux du carrefour (Denise Jallais)Les feux du carrefour

    Assise sur la dune
    Je regarde les feux du carrefour

    Rouges pour arrêter ton coeur
    Jaunes pour t'ensoleiller
    Verts pour te permettre

    Et les voitures roulent sous la pluie
    Gomme dans une brume jaillissante
    Vers l'odeur mêlée de la plage et des chênes verts

    Je regarde les feux du carrefour
    Sages comme des phares de mer
    Et ton ombre changeante
    Qui grandit lentement
    Du fond de la route

    Denise Jallais, Les Couleurs de la mer, Seghers.

     

    Ce poème fait partie de la sélection

     Choix de poésies pour le CM1

    du manuel de lecture Lecture CM1

    (avec les mots de tous les jours).

    Source de l'illustration : Dubost, Lecture CM1 (avec les mots de tous les jours).


    votre commentaire
  • Les hiboux (Robert Desnos)

    Les hiboux

    Ce sont les mères des hiboux
    Qui désiraient chercher les poux
    De leurs enfants, leurs petits choux,
    En les tenant sur les genoux.

    Leurs yeux d’or valent des bijoux
    Leur bec est dur comme cailloux,
    Ils sont doux comme des joujoux,
    Mais aux hiboux point de genoux !

    Votre histoire se passait où ?
    Chez les Zoulous ? Les Andalous ?
    Ou dans la cabane bambou ?
    À Moscou ? Ou à Tombouctou ?

    En Anjou ou dans le Poitou ?
    Au Pérou ou chez les Mandchous ?
    Hou ! Hou !
    Pas du tout, c’était chez les fous.

    Robert Desnos (1900-1945)


    Télécharger le texte (2 textes A5 sur 1 A4) :

    Les hiboux (Robert Desnos) « Les hiboux Robert Desnos.pdf »            Les hiboux (Robert Desnos) « Les hiboux Robert Desnos.odg »

     

    Ce poème fait partie du recueil Chantefables : chacun des 30 poèmes est consacré à un animal différent : le tamanoir, la baleine, le lézard, etc.

    ♦ Sur le même thème - la règle du x au pluriel pour les 7 noms : pou, chou, hibou, genou, caillou, joujou, bijou -, voir aussi Le hibou de Maurice Carême.

    ♦ Mémoriser cette poésie avec une carte mentale (chez abcdefgh) : clique.

    ♦ Savoir dessiner des hiboux avec des dessins par étapes (encore chez abcdefgh) : clique.

    Fiche documentaire CE1-CE2 sur le hibou grand-duc chez crevette : clique.

     


    1 commentaire
  • Feuilletez des extraits en allant sur le lien suivant : 

    Les plus beaux poèmes de Maurice Carême (1985)


    2 commentaires
  • Dans la plaine les baladins
    S’éloignent au long des jardins
    Devant l’huis des auberges grises
    Par les villages sans églises.

    Et les enfants s’en vont devant
    Les autres suivent en rêvant
    Chaque arbre fruitier se résigne
    Quand de très loin ils lui font signe.

    Ils ont des poids ronds ou carrés
    Des tambours, des cerceaux dorés
    L’ours et le singe, animaux sages
    Quêtent des sous sur leur passage.

    Guillaume Apollinaire, Alcools


    votre commentaire
  • Tu m'as dit si tu m'écris
    Ne tape pas tout à la machine
    Ajoute une ligne de ta main
    Un mot un rien oh pas grand'chose
    Oui oui oui oui oui oui oui oui

    Ma Remington est belle pourtant
    Je l'aime beaucoup et travaille bien
    Mon écriture est nette et claire
    On voit très bien que c'est moi qui l'ai tapée

    Il y a des blancs que je suis seul à savoir faire
    Vois donc l'oeil qu'a ma page
    Pourtant pour te faire plaisir j'ajoute à l'encre
    Deux trois mots
    Et une grosse tache d'encre
    Pour que tu ne puisses pas les lire


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique